Nouvelle-Calédonie : L'impérialisme français s'accroche à son « caillou »19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nouvelle-Calédonie : L'impérialisme français s'accroche à son « caillou »

À l'issue de la réunion du G20 en Australie, François Hollande s'est rendu en Nouvelle-Calédonie, un territoire français où vivent 268 000 personnes. Cette île du Pacifique a connu dans les années 80 une mobilisation importante de la population kanak contre le colonialisme de la métropole.

Hollande s'est livré à des gestes symboliques pour tenter de présenter la position de l'État français comme neutre entre les indépendantistes et leurs adversaires, les loyalistes hostiles à l'indépendance. Certains lui ont reproché cette apparente neutralité alors même que les politiciens locaux ne parviennent pas à s'entendre pour appliquer les accords en vue d'un éventuel référendum sur l'indépendance. Des loyalistes ont d'ailleurs manifesté contre cette perspective.

Il y a plus de trente ans, de nombreux Kanaks s'étaient mobilisés contre les injustices coloniales et le racisme. À cette époque, l'impérialisme français était intervenu, assassinant les indépendantistes les moins susceptibles de faire un compromis avec Paris. Ce fut le cas d'Eloi Machoro éliminé alors que Fabius était Premier ministre, et de ceux de la grotte d'Ouvéa sous un gouvernement Chirac.

Ayant ainsi protégé le pouvoir local des politiciens caldoches -- les descendants de colons -- Paris entama des négociations avec des représentants kanaks, comme Jean-Marie Tjibaou, avec pour objectif un partage du pouvoir.

En 1988, puis en 1998, l'État français avait soigneusement remis à plus tard l'épineux problème de l'indépendance en prévoyant une consultation électorale à l'horizon 2018. Hollande ne fait donc que poursuivre la politique d'attente face à un problème que le colonialisme français a créé. Pendant un siècle et demi la Nouvelle-Calédonie a été peuplée non seulement d'Européens -- notamment de déportés et de bagnards -- mais aussi de travailleurs coloniaux d'Asie et du Pacifique « importés » comme mineurs ou ouvriers au point de marginaliser complètement les Kanaks sur leur propre île.

Sans tenir compte des sentiments de ces différentes populations, l'impérialisme français a mis en place l'exploitation du nickel par de grandes compagnies minières comme Eramet ou Xstrata. Cette activité économique continue d'enrichir ces grands groupes et les retombées économiques font vivre les politiciens y compris Kanaks qui se partagent les pouvoirs. Mais ni les mineurs de nickel, ni les ouvriers des fonderies ne profitent évidemment des richesses qu'ils extraient et qu'ils transforment. Le chômage avoisine les 30 % dans les villages kanaks.

Même si un référendum sur l'indépendance politique à l'égard de la France ne suffirait pas à remettre en cause la mainmise des multinationales minières, les Kanaks sont parfaitement en droit de l'exiger. Ce n'est sûrement pas à des milliers de kilomètres que le sort des populations de Nouvelle-Calédonie doit se décider.

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