Île de la Réunion -- Écochimie : Accidents pour cause d'économies19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Île de la Réunion -- Écochimie : Accidents pour cause d'économies

Écochimie Sarl est une entreprise de quinze salariés située dans la zone d'activité de la Mare à Sainte-Marie. Elle conditionne des produits chimiques pour les blanchisseries, les équipements de voitures, les produits environnementaux, etc.

Elle dispose d'une chaîne de production où les ouvriers sont chargés de transvaser, sans protections particulières, des produits toxiques et corrosifs de fûts, en général de trente kilos, dans des bidons de quelques litres. Pas de combinaisons adaptées, pas de lunettes de protection, des gants souvent troués, une formation sur le tas, des pressions constantes de la direction pour accélérer les cadences, un flicage pendant les pauses de travail.

Les fûts de produits toxiques dont certains pèsent jusqu'à 270 kg sont stockés à l'extérieur, en plein soleil, en équilibre instable à plusieurs mètres de hauteur, risquant de chuter au moindre choc. La direction ignore totalement les règles élémentaires de sécurité, malgré les demandes des salariés et les rappels à l'ordre de l'inspection du travail, raison pour laquelle quatre accidents graves ont eu lieu ces dernières années.

Il y a huit ans, deux ouvriers ont eu le visage abîmé par une projection de pyroxide d'hydrogène, alors qu'ils travaillaient dans le cirque de Salazie. Il y a deux ans, lors d'une intervention à Interlinge à Saint-Paul, un tuyau a éclaté à la figure d'un travailleur qui a eu les lèvres et le visage brûlé au niveau des yeux.

Et cette année en août, sur le site de Sainte-Marie, un bidon de trente kilos d'acide stocké en plein soleil a éclaté et s'est vidé sur un ouvrier de fabrication, le brûlant gravement. Celui-ci a été aspergé d'eau ce qui a eu pour effet d'étendre les brûlures à tout le corps. Hospitalisé, il a dû être placé en comas artificiel. Il a aujourd'hui perdu l'usage d'un oeil et est toujours hospitalisé plus de deux mois après l'accident.

Dans cette entreprise, dès qu'un ouvrier exige de meilleures conditions de travail, il est menacé de licenciement ou se retrouve en mise à pied. Tout est fait pour obliger les travailleurs à subir. Beaucoup ont été poussés à la démission. Ceux qui restent sont de plus en plus jeunes, avec de moins en moins d'expérience, et constituent, s'ils n'y prennent garde et ne s'organisent pas pour obliger leur patron à investir dans la sécurité, les potentielles victimes de ce patronat pour qui la vie passe après les profits.

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