Grande-Bretagne : « Benefit tourism » et racolage électoral19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : « Benefit tourism » et racolage électoral

À six mois des élections de mai 2015, la campagne électorale est déjà marquée par la surenchère que se livrent les principaux partis. En bonne place figure ce que les politiciens appellent le « benefit tourism » (littéralement « tourisme des allocations sociales ») visant les travailleurs de l'Union européenne.

C'est à la suite des scores élevés de UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) lors des municipales et des européennes de mai dernier, que Cameron a fait sien le mensonge éhonté du « benefit tourism » auquel se livreraient les immigrés de l'Union européenne pour bénéficier de la prétendue « manne » de la protection sociale britannique -- « manne » ridicule, quand on sait le niveau dérisoire des allocations sociales et l'état lamentable du système de santé !

Ce ne sont pourtant pas les faits, y compris les statistiques officielles, qui manquent pour démonter ces mensonges. Ainsi, un rapport officiel récent indique que les immigrés de l'Union européenne comptent proportionnellement moins de chômeurs et touchent moins d'allocations sociales que les travailleurs anglais. Qui plus est, ils paient proportionnellement plus d'impôts à l'État que ce qu'ils reçoivent en prestations sociales. Quant à leur utilisation des services de santé, on en estime officiellement le coût à moins de 1,5 % du budget annuel de la Santé publique !

Mais ces faits ne convenant pas à son racolage électoral, Cameron a appuyé sa campagne de mesures restrictives. Aujourd'hui, les immigrés européens n'ont plus droit aux allocations chômage s'ils n'ont pas résidé au moins pendant trois mois en Grande-Bretagne (durée bientôt portée à six mois). Ils ne peuvent bénéficier de ces allocations que pour six mois (et bientôt seulement trois mois) sans avoir droit aux allocations logement.

Et ce n'est qu'un début. Dans les semaines qui viennent Cameron doit annoncer d'autres mesures pour après les prochaines élections, dont la suppression des allocations chômage pour les immigrés européens et l'introduction d'un système de quotas pour en limiter le nombre. Que de telles annonces le mettent en porte-à-faux vis-à-vis des traités européens importe peu pour l'instant. Une seule chose compte, remporter les élections de mai 2015, quitte à devoir ensuite redresser la barre sous la pression de milieux d'affaires qui ne cachent pas leur mécontentement.

Quant au Parti travailliste, tout en affirmant sa volonté de maintenir la Grande-Bretagne dans l'Union européenne, il se met lui aussi et sans la moindre vergogne à la traîne de la démagogie de Cameron, reprenant à son compte la plupart de ses mesures. Il le fait avec plus d'hypocrisie, en se posant en champion de la classe ouvrière face à la « concurrence » des immigrés qui pèserait sur les salaires. Comme si ce n'était pas le patronat britannique qui poussait les salaires à la baisse !

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