Californie, la ruée vers l'eau19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Californie, la ruée vers l'eau

Cet article est traduit du journal américain The Spark, du 27 octobre 2014

Quelque 25 communautés rurales, souvent pauvres, à travers les riches terres agricoles de la Californie, manquent d'eau ou vont en manquer, alors que leurs ressources, telles que des puits, des cours d'eau et des fossés d'irrigation, s'assèchent. Résultat : des milliers de foyers ne peuvent utiliser leurs toilettes, boire de l'eau, laver leur vaisselle ou leurs vêtements, voire se rincer les mains, sans avoir recours à une bouteille ou à un seau. Des familles doivent dépenser des centaines de dollars à la laverie ou pour des couverts en plastique.

La raison n'est pas la sécheresse, qui dure depuis trois ans, puisqu'à proximité de grandes exploitations agricoles utilisent d'importantes quantités d'eau. Ces fermes qui ne bénéficient que de faibles pluies, même les bonnes années obtiennent en général de l'eau en abondance et à bon marché grâce à une énorme infrastructure de barrages, d'aqueducs et de canaux gérés à la fois par l'État fédéral et par la Californie.

En raison de la sécheresse, les équipements publics ont dû réduire le volume d'eau qu'ils livrent aux grandes fermes. Pour compenser, celles-ci ont pompé dans les nappes phréatiques des volumes record d'une eau précieuse. Elles utilisent la dernière technologie, qui leur permet de forer rapidement et profondément. Elles extraient aussi de l'eau située non seulement sous leur propre sol, mais des kilomètres à la ronde. En fait, ces fermes sont en concurrence pour pomper autant d'eau que possible, aussi vite que possible, dans une spirale perverse.

Les conséquences de ces siphonages sont terribles. Ils abaissent le niveau des nappes phréatiques. C'est pourquoi le niveau des rivières diminue et les puits dont dépendent des foyers ou des communautés s'épuisent.

Le pompage excessif par les grandes fermes californiennes est un problème ancien. Il y a des décennies, il a abaissé la moitié de la vallée de San Joaquin, de près de 8,5 mètres par endroits, alors que les couches souterraines de roche poreuse qui contenaient l'eau étaient compactées, empilées comme des crêpes. Aujourd'hui de vastes surfaces de terres agricoles s'affaissent, s'effondrent lentement, parfois de près de 30 cm par an, endommageant les constructions, les ponts, les canaux et les routes.

Certes, ces structures peuvent être réparées. Mais ce qui ne peut l'être, c'est la roche poreuse souterraine, désormais incapable de contenir l'eau. Dans leur course au profit à court terme, les grandes entreprises qui possèdent les fermes transforment la sécheresse en un bien plus grand désastre.

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