Accident de Brétigny : Un rapport qui accable RFF et la SNCF19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

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Accident de Brétigny : Un rapport qui accable RFF et la SNCF

Le déraillement d'un train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts le 12 juillet 2013. Il s'agit du pire accident ferroviaire depuis 1991. Un double accident avait pourtant été évité de justesse : un train de voyageurs venant à 130 km/h en sens contraire s'était arrêté à 150 m de la voiture couchée sur les voies. La responsabilité de la SNCF et de RFF leur a valu une mise en examen.

Un nouveau rapport, commandé cette fois par le CHSCT de l'établissement, vient de rendre ses conclusions, accablantes pour la SNCF et RFF.

L'éclisse, pièce métallique qui solidarise deux rails, est à l'origine du déraillement, car elle ne tenait plus que par un boulon sur quatre. Le rapport indique l'état de vétusté de l'installation et détaille les conséquences dramatiques des coupes dans les effectifs chargés de la surveillance et de l'entretien de la voie.

Ainsi, la brigade chargée de l'entretien de l'aiguillage de Brétigny a vu ses effectifs divisés par deux entre 2000 et 2012, passant de seize à huit cheminots. « Quand un ancien partait à la retraite, il n'était pas remplacé ; c'était une question qui ne se posait même pas. On savait que quand il partirait il faudrait faire sans lui », témoigne un cheminot.

Les visites ont été espacées et à effectif réduit. Ainsi, la dernière visite de ce secteur a été réalisée par un seul cheminot, sans « annonceur » chargé de sécuriser la voie. Du coup, le cheminot avait le choix entre mettre sa vie en danger ou faire un examen superficiel du bord de la voie. Les anomalies ne sont plus traitées sauf en cas d'urgence. À plusieurs reprises, des cheminots, conducteurs comme de la voie, et même un usager, ancien fabricant de matériel ferroviaire, ont alerté, en vain, les responsables SNCF sur la dangerosité de la zone.

Le rapport, loin de faire du secteur de Brétigny un cas isolé, détaille au contraire les conséquences d'une politique générale décidée en haut lieu depuis vingt ans. Ainsi, un audit datant de 2005 signalait déjà que « durant ces vingt dernières années, les budgets d'entretien ont perdu 20 % de leur valeur en monnaie constante et ce alors même qu'on a construit sur la période plus de 3 000 kms de voies à grande vitesse ».

Le rapport indique aussi que « entre 2000 et 2010, les effectifs de la branche Infrastructure ont diminué de 5 300 agents ». Du coup, faute d'effectifs et malgré la multiplication des travaux de nuit, de la sous-traitance, le vieillissement du réseau s'est poursuivi. La seule façon d'accroître la sécurité a été d'instaurer des ralentissements, décidés au jour le jour et communiqués au conducteur à sa prise de service.

C'est bien cette politique criminelle de suppression d'effectifs qui a entraîné l'accident de Brétigny, hélas bien prévisible.

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