Pour la branche famille, une batterie de mesures est mise en place afin d'économiser 700 millions d'euros sur les prestations : la majoration mensuelle d'allocation familiale n'intervient plus aux 14 ans des enfants, mais à leurs 16 ans, l'allocation de naissance est divisée par trois, les aides à la garde d'enfant sont abaissées, l'allocation mensuelle aux parents de jeunes enfants est reportée d'un mois, le montant des allocations familiales est divisé par deux pour les familles dont le revenu mensuel est supérieur à 6 000 euros.

Pour la branche maladie, plus de 3 milliards d'économies sont attendus. Le tiers devrait provenir des remboursements de médicaments via la promotion des génériques, la maîtrise (comprendre : limitation) des prescriptions et la régulation du prix des nouveaux médicaments. Ce dernier point serait la moindre des choses, quand on sait les prix exorbitants des nouveaux médicaments, notamment du Sovaldi, traitement de l'hépatite C, à 56 000 euros pour un traitement de trois mois !

Ordre est aussi donné de rendre les hôpitaux plus « efficients », de « ne pas dépenser plus mais faire mieux », c'est-à-dire de continuer à diminuer le nombre de lits, le personnel et les dépenses. Et voilà que la chirurgie ambulatoire devient la panacée et que les États-Unis, où 80 % des actes de chirurgie seraient réalisés en ambulatoire contre 40 % ici, deviennent le modèle sanitaire. Un amendement a même été voté pour expérimenter des « hôtels hospitaliers » car, si l'ambulatoire est moins cher et libère des lits, une surveillance médicale de proximité peut cependant rester nécessaire pendant plusieurs jours. Il est alors préférable que l'assurance-maladie rembourse 60 euros par nuit d'hôtel, au lieu de 150 euros par journée d'hospitalisation ! Rien ne précise qui viendra mesurer la tension ou prendre la température.

Un autre amendement a été voté par les députés, prévoyant d'assujettir aux cotisations sociales les dividendes versés par les sociétés anonymes, comme elles le sont pour les SARL. Mais, dès le lendemain du vote, le ministre des Finances annonçait que le gouvernement allait demander au Parlement de retirer cette disposition. En effet, entre-temps, les représentants des patrons, et notamment Pierre Gattaz, en avaient appelé à « stopper cette folie taxatrice de nos dirigeants ». Les patrons l'ont bien compris : les économies sur les dépenses publiques sont faites pour eux et non contre eux.