Livrets A et profits bancaires : Pourquoi je n'aime pas ma banque15/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2411.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Livrets A et profits bancaires : Pourquoi je n'aime pas ma banque

Alors que, depuis le 1er août, le taux de rémunération du livret A est tombé à 1 %, l'épargne déposée par les 63 millions de détenteurs de livrets a été négative pour le quatrième mois consécutif : ceux-ci ont retiré plus d'argent qu'ils n'en ont versé. Les fins de mois qui commencent de plus en plus tôt sont sans doute en cause, mais pas uniquement.

La baisse du taux a été une véritable attaque contre l'épargne populaire : 1 % d'intérêt lorsque l'inflation officielle, donc la hausse des prix, est à 0,5 %, cela signifie au mieux que grâce aux 0,5 % restants les quelques centaines d'euros déposés sur des millions de livrets ne fondront pas trop. Mais chaque travailleur sait ce qu'il faut penser de cette inflation prétendument faible. Car la plus grande partie des détenteurs de livrets A ne sont pas des riches, loin de là : sur 19 millions de livrets A gérés fin 2013 par la Banque postale, plus de la moitié avaient un montant inférieur à 150 euros.

Mais si les petits épargnants sont lésés, c'est loin d'être le cas des banques, autorisées depuis début 2009, à leur grande satisfaction, à effectuer au même titre que la Banque postale et la Caisse d'Épargne la collecte de livrets A. Pour ce « travail », elles perçoivent de l'État une rémunération qui, elle, n'a pas diminué. Ces 0,4 % environ des sommes reversées à la CDC, la Caisse des dépôts et consignations, sur les livrets A qu'elles gèrent, représentent déjà un petit pactole, environ un milliard d'euros cette année. Mais comme elles sont autorisées, depuis un an, à ne reverser à la CDC que 59,9 % de leur collecte, et non plus 65 % comme prévu au départ, elles conservent des milliards qui sont prêtés, cette fois, à des taux de 3 ou 4 %. Le maigre taux d'intérêt versé aux porteurs des livrets n'écorne guère ce profit facile.

Que ceux qui s'inquiéteraient pour les banquiers se rassurent. Ce n'est même pas le principal intérêt qu'ils voient dans la collecte du livret A, sinon ils s'en désengageraient. Le livret A est ce que la grande distribution nomme un « produit d'appel ». Les banquiers ont bien d'autres produits, autrement plus rentables, à vendre à leurs clients, à commencer par la gestion des comptes courants dont les dépôts cumulés sont à la base de profits gigantesques. Il suffit d'attendre quelques mois pour savoir si le Crédit Agricole ou la BNP Paribas auront dépassé en 2014 leurs quelque 5 milliards de profit de 2013.

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