Grandes entreprises : À quoi servent leurs profits ?15/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2411.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grandes entreprises : À quoi servent leurs profits ?

914 milliards de dollars : c'est là la somme astronomique que les 500 grandes entreprises américaines cotées à Wall Street vont consacrer cette année à leurs actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d'actions. Cette somme représente 95 % de leurs bénéfices estimés. Inutile de dire qu'il n'y a plus d'argent pour les investissements productifs et les créations d'emplois, sans parler des augmentations de salaires !

Cette politique des grandes entreprises n'est pas nouvelle, mais elle s'aggrave. Selon le journal les Échos, depuis 1994, ces entreprises ont consacré en moyenne 85 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Non seulement elles versent des dividendes, mais elles dépensent des sommes considérables, supérieures même aux sommes consacrées au versement des dividendes, à racheter leurs propres actions. En un an, Apple, par exemple, a dépensé pas moins de 33 milliards de dollars pour ce faire !

Le rachat et la destruction d'une partie des actions d'une entreprise confèrent aux actions restantes une valeur plus grande et un bénéfice par action plus important. Cette opération enrichit donc automatiquement les détenteurs des actions restantes, les actionnaires, et parmi eux bien souvent les dirigeants de l'entreprise eux-mêmes. Par ce moyen, les grands patrons peuvent faire remonter artificiellement le cours de leurs actions. Dans les milieux d'affaires, c'est devenu le seul critère de bonne santé de l'entreprise même si cette valorisation des actions ne provient pas d'un carnet de commandes bien plein ou de perspectives de développement.

Quant à la protection contre des OPA hostiles que ces rachats d'actions sont censés fournir en faisant monter les enchères pour ceux qui voudraient s'emparer de l'entreprise, elle est toute relative. En effet les grandes entreprises regorgeant littéralement d'argent, ou pouvant emprunter quasi gratuitement des milliards, les montants à payer pour s'emparer d'un concurrent ou fusionner avec lui sont loin d'être toujours dissuasifs. D'ailleurs, le nombre de fusions-acquisitions et autres rachats, spectaculaires par les sommes mises en jeu, sont plus nombreux que jamais.

Selon Les Échos, la situation est bien meilleure en Europe où les grandes entreprises ne consacreraient en moyenne que 65 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Mais en France, un record a été battu en 2013 puisque cette année-là « les dividendes et les rachats d'actions ont totalisé environ 43 milliards d'euros pour 48 milliards de résultats » !

Les dizaines, les centaines de milliards d'argent public que les gouvernements dispensent au grand patronat sous prétexte de relancer l'activité économique ne servent qu'à gonfler des bénéfices qui ne sont pas réinvestis dans la production, et qui vont au contraire augmenter la fortune des actionnaires. Tout cet argent se retrouve dans les placements financiers de toutes sortes et à l'origine des bulles spéculatives qui menacent toute l'économie.

En réalité, les bourgeois eux-mêmes n'ont pas confiance dans l'avenir de leur propre système et se refusent à parier à long terme sur ce que pourraient rapporter des investissements productifs. Ils préfèrent les placements à court terme qui rapportent vite. Leur système économique est failli, mais tant qu'ils peuvent encore prospérer en parasites, en accaparant les richesses produites par le travail humain et en les dilapidant pour leur bon plaisir, leur devise reste « après moi, le déluge ».

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