Calais : Une situation explosive15/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2411.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : Une situation explosive

Lundi 13 octobre, le syndicat Unité police FO manifestait pour dénoncer le manque de moyens des forces de police. Une opération escargot a regroupé près de 300 manifestants, policiers, agriculteurs, chasseurs, commerçants, transporteurs routiers.

L'augmentation du nombre de migrants à Calais est importante, alors que les responsables politiques n'ont fait que contribuer à rendre leur situation plus invivable. La maire de Calais comme le préfet les ont fait déloger brutalement de leurs campements des zones boisées autour de la ville, les contraignant à errer dans les rues du centre.

Devant cet afflux, les associations qui viennent en aide aux migrants depuis des années se retrouvent en difficulté, pour assurer le repas quotidien, pour trouver de nouveaux squats, pour les assister face à la justice.

Depuis bientôt vingt ans, la cohabitation des migrants avec la population s'est déroulée presque sans problème, mais depuis quelques mois les tensions avec les riverains se sont aggravées. Les nouveaux réfugiés d'Afrique de l'Est sont souvent complètement démunis, sans argent pour payer les passeurs, ce qui les amène à des assauts collectifs de camions attendant de passer en Grande-Bretagne. Les chauffeurs routiers sont sous pression, condamnés à une très lourde amende si des exilés sont retrouvés dans leur camion côté britannique. Les patrons routiers font souvent retomber sur les chauffeurs le coût des détériorations de la cargaison.

Beaucoup de migrants n'ont pas d'argent pour leur nourriture et il y a des vols dans les jardins ouvriers, les champs, les magasins, ce qui auparavant était très rare. Mais la violence à Calais est d'abord contre les migrants, la violence policière notamment. La minorité raciste ose maintenant les insulter, les agresser et, depuis peu, s'en prendre aux militants qui les défendent. Le groupuscule d'extrême droite Sauvons Calais déverse depuis quelques mois ses insanités racistes sur sa page facebook, en montant en épingle le moindre incident.

Sauvons Calais et le Front national ont soutenu la manifestation du 13 octobre, à laquelle les autres syndicats de police n'appelaient pas. Ce n'était pas une simple manifestation catégorielle. Leur responsable syndical a lié l'afflux des migrants à une supposée explosion de la criminalité, à des délocalisations éventuelles d'entreprises, et il demande au gouvernement pour les chasser encore plus de policiers, alors que leur nombre dans la ville atteint déjà un chiffre record.

Ceux qui agitent ainsi la peur et la haine veulent détourner contre les migrants le profond désarroi des Calaisiens touchés par la crise, les licenciements, la misère, alors que les réfugiés sont des victimes de la même crise, responsable ici du chômage massif et là-bas des pillages, des guerres et des dictatures sanglantes.

Mais le gouvernement Valls-Hollande comme la maire et l'UMP continuent d'entretenir une situation inextricable, avec les problèmes qu'elle engendre.

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