Autoroutes : Des bénéfices gravés dans le marbre... et garantis par l'État15/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2411.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Autoroutes : Des bénéfices gravés dans le marbre... et garantis par l'État

Ségolène Royal, après l'abandon de l'écotaxe, montre du doigt les sociétés d'autoroutes, appelées à mettre la main à la poche. Elle les a d'abord exhortées à « rendre l'argent pour financer les infrastructures », soulignant que, « sur 100 euros de péage payés par l'usager, 22 sont du profit net pour les sociétés d'autoroutes », et ajoutant que cela « a permis la redistribution de 15 milliards de dividendes depuis la privatisation ».

Comme moyen de rendre un peu de cet argent, elle a préconisé de rendre les péages gratuits durant le week-end mais a vite été contredite sèchement par Valls.

Christian Eckert, secrétaire d'État au Budget, l'a lui aussi admis : « Il faut commencer par faire le constat que les profits et les versements de dividendes des sociétés d'autoroutes sont inacceptables, en tout cas immoraux, faute d'être illégaux. »

Tous ces ministres énoncent une évidence. Il est de notoriété publique que les trois grands groupes concessionnaires d'autoroutes - Vinci (ASF, Escota et Cofiroute), Eiffage (APRR et Area) et Abertis (Sanef SAPN) - s'en mettent plein les caisses depuis la privatisation de 2004, décidée par les gouvernements de Villepin et de Raffarin. Même l'Autorité de la concurrence critique ce système de concession, dont la rentabilité lui paraît « exceptionnelle : de 20 à 24 % du chiffre d'affaires » ! En juillet 2013, la Cour des comptes écrivait la même chose, en préconisant un « rééquilibrage ». Emmanuel Macron également parle de « mauvaise affaire pour l'État ».

Mais les sociétés super-bénéficiaires ont également soigné... la durée. Les contrats signés ont été bétonnés. Ils prévoient tous, par un article 32 bien précis : « En cas de création d'impôts, de taxes ou de redevances spécifiques aux sociétés concessionnaires d'autoroutes, susceptibles de compromettre gravement l'équilibre de la concession, l'État et la société concessionnaire arrêteront d'un commun accord [...] les compensations qui devront être envisagées. »

Voilà donc ce que tous les ministres savent depuis le début. Ces compensations peuvent prendre deux formes, a dit Michel Sapin : soit « l'augmentation du péage », soit « rallonger encore la concession », après avoir rappelé que faire payer les sociétés sera très difficile. Le Premier ministre Valls a conclu la réunion du lundi 13 octobre entre patrons et ministres par une mise au point : « Cette réunion a été utile, parce qu'il faut bâtir un partenariat gagnant-gagnant entre l'État et les sociétés concessionnaires des autoroutes. La parole de la France évidemment sera honorée, ne sera jamais remise en cause. »

On ne touchera pas aux profits des sociétés d'autoroutes, point final.

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