États-Unis : Obsèques de Michael Brown, des milliers de personnes réclament justice27/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2404.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Obsèques de Michael Brown, des milliers de personnes réclament justice

Lundi 25 août, c'est une foule très nombreuse qui a assisté à Saint-Louis aux obsèques de Michael Brown, ce jeune Noir abattu par un policier blanc à Ferguson, le 9 août dernier. De nombreuses personnalités avaient fait le déplacement et Obama avait envoyé trois de ses représentants.

C'est que, depuis le 9 août, la population de Ferguson ne cesse de réclamer justice. Cette petite ville du Missouri, en majorité noire mais dont le maire est blanc, dont le conseil municipal et la police sont en grande majorité blancs, a d'abord connu plus d'une semaine de violents affrontements entre la population, réclamant l'inculpation du policier assassin, et les forces de répression locales, puis celles de l'État, dont l'équipement militaire, véhicules blindés et matériel antiémeute, a attisé encore la colère des manifestants. Plusieurs dizaines d'entre eux ont été arrêtés, ainsi que des journalistes déclarés indésirables. L'espace aérien de la ville a même été fermé un temps, pour empêcher le survol des manifestations par les hélicoptères de la presse.

Lundi 18 août, le gouverneur du Missouri a fait appel à la Garde nationale, dont le rôle a cependant été circonscrit à la défense du commissariat de police de la ville. Puis le ministre de la Justice a été dépêché sur place par Obama pour superviser l'enquête du FBI et le président s'est engagé à suivre lui-même de près l'évolution de la situation. Les manifestations ont tout de même continué toute la semaine, et cette fois les autorités ont laissé faire sans agresser les manifestants.

Il faut dire que les autorités, à tous les niveaux, étaient inquiètes de la montée des tensions. L'extrême droite, le Klu-klu-klan en grande tenue en tête, se mobilisait autour du policier meurtrier, justifiant son acte. Peu nombreux dans leurs manifestations de rue, les racistes furent nombreux à participer à des collectes organisées sur Internet au profit du policier, pour l'aider à se faire oublier dans une autre ville et payer ses frais d'avocat s'il est inculpé.

Mais surtout, ailleurs aux États-Unis, la population, encouragée par l'exemple de Ferguson, a commencé à exprimer son indignation et sa révolte de voir des jeunes Noirs abattus comme des chiens par des policiers blancs, en toute impunité. Et, dans les manifestations qui ont eu lieu, le nom de Michael Brown était associé à celui de plusieurs Noirs de la ville, abattus eux aussi par la police ces dernières années. Car c'est bien par centaines que ces meurtres ont lieu à l'échelle du pays !

Ainsi, le samedi 23 août, des milliers de personnes ont manifesté à New York, elles aussi pour réclamer justice pour un Noir assassiné le 17 juillet dernier : Eric Gardner, un Noir de 43 ans, sans arme, accusé de vendre des cigarettes non taxées, a été étranglé et étouffé par des policiers à Staten Island. Les manifestants criaient « Je ne peux pas respirer » et « Mains en l'air, ne tirez pas », comme à Ferguson. L'assassinat de trois autres Noirs newyorkais, abattus par la police ces dernières années, a été évoqué, les manifestants exigeant que soit mis fin au comportement raciste de la police, qui harcèle en permanence les jeunes Noirs, quand elle ne les tue pas..

À Washington, c'est tous les jours depuis dix jours que des manifestations ont lieu dans la ville, devant la Maison-Blanche, sur les campus, pour réclamer l'inculpation du policier qui a abattu Michael Brown, la démilitarisation de la police et le port de caméras sur les uniformes des policiers. Et samedi 23 une manifestation de plusieurs centaines de personnes, les bras en l'air, a parcouru la ville. Obama a annoncé qu'il allait réexaminer le programme destiné à fournir à la police du matériel militaire.

Ce n'est que le mois prochain qu'un grand jury décidera, suite aux différentes enquêtes qui sont menées, d'inculper ou pas le policier qui a tué Michael Brown et qui est toujours en liberté. D'ici là, selon le New York Times, les autorités semblent chercher à faire quelques gestes d'apaisement envers la population noire de Ferguson, devenue un dangereux exemple de révolte.

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