Clermont-Ferrand : Michelin et les bonnes affaires de la guerre de 1914-191827/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2404.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Clermont-Ferrand : Michelin et les bonnes affaires de la guerre de 1914-1918

Une exposition temporaire du musée Michelin, à Clermont-Ferrand, présente le zèle des dirigeants de l'entreprise durant la Première Guerre mondiale. Les patrons de l'époque apparaissent comme des patriotes philanthropes et désintéressés, mais qui gardent le sens des affaires en tirant parti des commandes de guerre pour accumuler des profits colossaux.

Les deux frères Édouard et Marcel, qui dirigeaient d'une main de fer l'entreprise, savaient y faire pour se poser en bons samaritains. Ils incitaient les travailleurs partis au front à écrire à la direction, qui retransmettait ces lettres aux familles, histoire de montrer que les patrons sont soucieux de la santé et de la vie de chacun, même en dehors de l'usine. Les deux frères avaient également ouvert une souscription auprès du personnel resté à l'usine pour les « camarades mobilisés » et autres oeuvres.

Madame Thérèse Michelin, l'épouse d'Édouard, complétait le tableau en animant des bonnes oeuvres. Elle visitait les blessés soignés dans l'hôpital qui se trouvait à l'intérieur de l'usine. Elle allait au domicile des veuves de guerre pour les consoler, elle organisait des réunions dans les milieux bourgeois de la ville pour convaincre les jeunes filles de la bonne société de tricoter des vêtements pour les soldats.

Dès août 1914, alors que l'entreprise était installée dans une seule usine, celle des Carmes, où travaillaient 5 000 salariés, 2 000 ouvriers ont été mobilisés pour aller au front. 1 500 partiront encore les années suivantes. Près de 600 d'entre eux ne reviendront pas vivants. Ils furent remplacés par des femmes.

Dès septembre 1914, la production de pneumatiques a été étoffée par d'autres productions tout aussi rentables, voire plus, comme des obus et une diversité incroyable d'autres produits commandés par l'armée : chaussures, tentes, sacs de couchage, vêtements imperméables, sacs-musettes et même des fers à chevaux !

Michelin a aussi équipé les camions militaires avec des roues en acier, qui résistaient aux balles et au mauvais état des routes. En mars 1917, 40 000 roues sont livrées, y compris aux armées alliées.

En plus de toutes ces activités, Michelin fabriquait aussi des avions, les Bréguet IV et XIV. Avec un sens aigu de la publicité, dès juillet 1915, Michelin offrit gratuitement aux militaires les cent premiers avions. Par la suite, il en vendra 2 000 en proclamant, par la plume d'un historien stipendié, que ce « n'était pas une opération commerciale, mais patriotique ».

Et ainsi, grâce à cette première grande boucherie mondiale, la manufacture Michelin a pu prospérer considérablement. Dès les années 1920, elle était l'une des plus grandes entreprises du pays, avec plus de 15 000 salariés.

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