Australie et Cambodge : Sous-traiter les réfugiés ?27/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2404.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Australie et Cambodge : Sous-traiter les réfugiés ?

Le gouvernement australien est en négociations avec celui du Cambodge : pour 40 millions de dollars, ce dernier accepterait d'accueillir un millier de réfugiés indésirables.

L'Australie est un continent relativement peu peuplé et riche. Il s'est entièrement constitué par immigration - car les Aborigènes y ont toujours été marginalisés, quand ils n'étaient pas exterminés. Et il continue à accueillir beaucoup d'immigrés : 3,5 millions ont été intégrés depuis 1945.

Mais aujourd'hui une partie des immigrés qu'il attire sont considérés comme indésirables : les réfugiés de la misère et des guerres, Pakistanais, Bangladais, Népalais, Iraniens, Irakiens et Kurdes. Ils arrivent par bateau, des côtes d'Indonésie, de Timor oriental, de Papouasie-Nouvelle-Guinée. En 2013, ces demandeurs d'asile étaient environ 20 000. Les gouvernements, travaillistes comme conservateurs, cherchent à se débarrasser d'eux par tous les moyens. Ils sont refoulés vers les côtes d'Indonésie ou de Papouasie, ou arrêtés et envoyés dans des centres de rétention. Certains ont été spécialement créés dans des pays pauvres de la région, comme la Papouasie ou l'atoll de Nauru, en plein Pacifique, à plus de 2 000 km au nord-est de l'Australie, où des révoltes et des évasions de réfugiés se sont déroulées en juillet dernier.

Le Cambodge, lui, est trop pauvre et trop densément peuplé pour attirer les immigrés : ils ne seraient que 68 dans le pays, dont 12 demandeurs d'asile. Le gouvernement australien veut lui « vendre » ses réfugiés, après avoir tenté en vain en 2011 de les vendre à la Malaisie. Et il est bien difficile au Cambodge de dire non, car l'Australie est un gros contributeur aux fonds régionaux d'aide. Elle a ainsi prévu de lui verser une aide de 700 millions de dollars pour 2014-2015.

Les organisations humanitaires s'indignent, affirmant que les 40 millions de dollars ont peu de chances de servir à l'installation des réfugiés et que ceux-ci ne survivront pas, dans un des pays les plus pauvres du monde.

La conduite des autorités australiennes vis-à-vis des réfugiés est effectivement révoltante. Elle est calquée sur celle des gouvernants européens, français, italiens ou espagnols, qui refoulent les immigrants, les laissent à la merci des passeurs, leur font risquer leur vie sur mer et dans les containers, et qui tentent de sous-traiter aux pays d'Afrique du Nord le sale boulot de maintenir à distance la misère dont leur système est responsable.

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