Août 1944, la « libération » de Paris : Entre mythe et réalité27/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2404.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Août 1944, la « libération » de Paris : Entre mythe et réalité

Ces derniers jours, les récits de la « libération » de Paris ont littéralement envahi les différents médias : la quasi-totalité des chaînes de télévision ou de radio ont leurs émissions spéciales et leurs films d'archives, pas un journal sans son dossier sur le sujet... L'Humanité est allé jusqu'à réimprimer la une du 26 août 1944, jour de l'arrivée de de Gaulle à Paris.

Tous ont présenté cet événement comme un formidable soulèvement de la population parisienne contre l'occupant allemand et ont glorifié « l'unité nationale ». Ils reprenaient ainsi à leur compte la mise en scène et la légende élaborée par de Gaulle et le Parti communiste français.

En réalité, à partir du 19 août 1944, alors que les forces de police s'étaient retranchées à la préfecture, ce furent pour l'essentiel de petits groupes de résistants, de l'ordre de quelques milliers au maximum, qui occupèrent les mairies d'arrondissement, se mirent à tirer sur des patrouilles allemandes, à attaquer des soldats isolés ou des voitures légères allemandes pour récupérer des armes, puis érigèrent des barricades.

En menant de telles opérations, ils firent preuve d'un certain courage, voire de témérité. Plusieurs centaines y perdirent la vie. Mais ces opérations restaient dérisoires face à la puissance dont disposait l'armée allemande, et elles n'eurent jamais le caractère de soulèvement en masse du peuple parisien complaisamment décrit par les médias.

Avec cette dramatique mise en scène, il s'agissait pour le PC d'enrôler les travailleurs derrière leur bourgeoisie. En criant « À chacun son Boche », il les détournait de leurs vrais ennemis, leurs exploiteurs bien français. En appelant les insurgés à « ouvrir le chemin à la glorieuse division Leclerc », il proposait à la population de se placer sous l'autorité de de Gaulle.

Il fallait aussi remettre la population laborieuse au travail. Le PC disait ainsi aux travailleurs : « Lorsque votre localité ou votre région sera libérée, reprenez le travail en suivant les instructions qui vous seront données par les autorités françaises nommées par le Gouvernement provisoire. » Dès la fin août 1944, il mettait en place des « comités patriotiques » dans certaines grandes usines, qui étaient là pour maintenir l'ordre au sein de l'usine, inciter les ouvriers à augmenter les cadences et à accepter les heures supplémentaires, à ne pas revendiquer d'augmentations de salaires dignes de ce nom, alors que c'était la misère et qu'on ne mangeait pas à sa faim.

De Gaulle avait choisi de s'appuyer sur le PC pour assurer la continuité de l'appareil d'État et ne pas laisser de vide face à une possible révolte de la population. Il s'agissait pour lui de reconstruire l'économie sans recourir au financement américain, de permettre à la bourgeoisie française de reconstituer ses profits, de reprendre le contrôle de ses colonies, et d'être en meilleure position face à ses concurrents impérialistes. Grâce à ses alliés communistes, il parvint à ce résultat par la surexploitation de la classe ouvrière et une répression féroce dans tout son empire colonial.

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