Maroc : Inégalités sociales et attaques contre les travailleurs20/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2403.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : Inégalités sociales et attaques contre les travailleurs

Mohammed VI, roi du Maroc, a célébré le 30 juillet la « fête du trône » , date anniversaire de son accession à la tête de cette monarchie constitutionnelle. Il célébrait aussi la quinzième année de son règne. Dans son discours, il a fait mine de découvrir qu'une forte inégalité sociale entre les Marocains persistait, évoquant même la nécessité de faire un « examen de conscience ».

Pendant que la population de ce pays de plus de 32 millions d'habitants, dont 28 % ont moins de 15 ans, est invitée à patienter, le roi, lui, n'a pas attendu pour s'enrichir. Selon le magazine américain Forbes, Mohammed VI est le plus riche roi d'Afrique, avec deux milliards de dollars de fortune personnelle. Sa famille est actionnaire majoritaire de la SNI, une holding d'investissement marocaine privée créée en 1966, contrôlée par la famille royale à travers une autre holding appelée Copropar. La SNI s'étend à des domaines aussi variés que l'agroalimentaire, la distribution, le secteur minier, l'énergie et les télécoms, le secteur bancaire. Le « roi des pauvres », comme il a longtemps été surnommé, est devenu l'homme d'affaires le plus puissant du pays.

Dans le même temps et selon les rapports du haut-commissariat au Plan marocain lui-même, 14 % de la population marocaine reste pauvre et 17 % court un grand risque de le devenir. Les logements manquent cruellement, les transports en commun sont saturés et vétustes, l'électrification n'a toujours pas atteint tout le territoire. L'analphabétisme touche encore plus de deux personnes sur cinq âgées de plus de 15 ans. Moins de la moitié des adultes en âge de travailler ont un emploi.

Sous prétexte de réduire les déficits publics, les attaques contre les classes populaires se multiplient. En juin dernier, le gouvernement a présenté un projet de réforme des retraites des fonctionnaires. Il prévoit entre autres un allongement progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 65 ans, sur la base d'un semestre supplémentaire par année, ainsi qu'une augmentation des cotisations, qui passeraient de 10 à 14 % du revenu mensuel. Le gouvernement compte aussi s'attaquer au système de subvention des produits de grande consommation comme la farine, le sucre ou l'essence, en envisageant la libéralisation du prix de l'essence.

Dans le cadre d'un discours bien rodé, du haut de ses milliards, le roi Mohammed VI fait semblant de poser la question de la répartition des richesses. Mais la population pauvre du pays aura à lutter pour la poser directement.

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