Josselin (Morbihan) : Les 1 000 salariés de l'abattoir GAD inquiets pour leur emploi20/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2403.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Josselin (Morbihan) : Les 1 000 salariés de l'abattoir GAD inquiets pour leur emploi

Après ceux de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère, c'est au tour de nombre des 1 000 salariés du site de l'abattoir de porcs de Josselin dans le Morbihan d'être menacés de perdre leur emploi.

Après avoir reçu, le 19 août, une délégation de représentants syndicaux CFDT de GAD, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a confirmé qu'à sa connaissance le groupe Intermarché allait bien se porter candidat à la reprise du site. Mais il n'a rien garanti aux salariés. Que la Société vitréenne d'abattage Jean Rozé, filiale du groupe Intermarché, était intéressée par le rachat de l'abattoir de Josselin, son PDG l'avait déjà dit. La SVA dispose d'un abattoir à La Guerche-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine, où sont abattus 23 000 porcs par semaine, un niveau d'activité du même ordre que l'abattoir de Josselin. Le rachat de Josselin lui permettrait de se renforcer dans ce secteur, où elle emploie déjà 3 500 salariés. Avec un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros, Intermarché est l'un des principaux opérateurs du marché français de la viande. Mais jusqu'à présent le groupe s'est bien gardé de s'engager à maintenir les effectifs du site de Josselin.

Le ministre a bien pris soin d'être tout aussi vague : « L'objectif c'est le maximum d'emplois, je n'ai pas de chiffres précis. Notre objectif commun, c'est la pérennité du site. » C'est que, pour Le Foll comme pour les groupes qui se disputent le site de Josselin, « il faut que tout ça rentre dans le cadre d'un modèle économique qui soit viable à court terme et à moyen terme ». « Ce n'est pas nous qui négocions directement », a-t-il ajouté, pour confirmer que les capitalistes sont libres de faire ce qu'ils veulent en matière d'emploi.

Bien sûr, Le Foll s'est dit « relativement optimiste ». Mais que peuvent en attendre les salariés ? Son optimisme aujourd'hui vaudra-t-il mieux que celui affiché hier ? Les travailleurs ont bien des raisons d'en douter. Rappelons en effet que déjà en octobre 2013, lorsque GAD avait été placé en redressement judiciaire après la fermeture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau et le licenciement de ses 900 salariés, les belles paroles n'avaient pas manqué. Tous expliquaient en haut lieu que le site finistérien n'était sacrifié que pour mieux garantir le développement du site de Josselin. Et les représentants ministériels n'étaient pas peu fiers du plan de redressement concocté avec les représentants de la Cecab, le groupe agroalimentaire leader des conserves de légumes et deuxième producteur de légumes surgelés, dont GAD SAS est la filiale porcine. En quatre ans, 35 millions d'euros d'investissements devaient être consacrés à l'essor du site de Josselin.

Mais voilà, depuis octobre, la Cecab a changé son fusil d'épaule. Elle a réalisé 1,9 milliard d'euros de chiffres d'affaires en 2013. Mais elle estime que sa branche porcine compromet sa rentabilité. Alors, finis les discours rassurants. Plus question pour elle de garder l'abattoir de Josselin et de continuer à y consacrer de l'argent, même au jour le jour. En décidant de sortir du plan de redressement d'octobre et en confiant au tribunal de commerce de Rennes le soin de mettre en oeuvre la liquidation de GAD Josselin, la Cecab tire le rideau. Et ministres et tribunaux prennent acte.

Ce qui se profile pour les salariés de Josselin, c'est soit la liquidation immédiate, soit la liquidation avec poursuite d'activités pendant deux mois en cas d'offre de reprise. Dans l'attente des marchandages entre GAD et SVA devant le tribunal, l'activité du site de Josselin est déjà réduite. Elle est tombée de 30 000 porcs abattus par semaine à 24 000. Et déjà de nombreux intérimaires sont remerciés ou en passe de l'être. Alors, la seule issue qui reste pour les salariés, qu'ils soient en CDI, en CDD ou en intérim, c'est de se faire entendre.

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