Ukraine : Un pays dévasté par la guerre, le nationalisme et les grandes puissances13/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2402.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : Un pays dévasté par la guerre, le nationalisme et les grandes puissances

Des hôpitaux frappés de plein fouet par des obus de canon ; une cité d'un million d'habitants, Donetsk, pilonnée par l'artillerie de Kiev ; Lougansk, autre grande ville du Donbass, assiégée, privée d'eau, d'électricité, de soins médicaux depuis des jours... Le pouvoir ukrainien poursuit son offensive dite antiterroriste pour reprendre le contrôle de l'est minier du pays passé aux mains des prorusses.

Depuis quatre mois que les combats font rage entre l'armée du pouvoir central ukrainien, soutenu par l'Amérique et l'Europe, et les forces prorusses soutenues par le Kremlin, la population du Donbass vit un enfer. Pour le fuir, des centaines de milliers de ses habitants ont trouvé refuge là où ils le pouvaient - en Russie le plus souvent, où ils survivent, sans ressources ni travail, dans des lieux de regroupement dont les autorités se désintéressent, bien qu'elles se targuent de « défendre nos compatriotes où qu'ils soient ».

Et encore, ils doivent s'estimer heureux d'avoir pu fuir les combats qui, selon l'ONU, ont fait plus de 1 300 morts, sans compter les blessés. Kiev « appelle la population pacifique à quitter les zones occupées par les terroristes . Mais, les mercenaires étrangers - qu'utilise son armée, elle vient de le reconnaître - et les activistes d'extrême droite qui composent ses troupes de choc traitent les civils en « moscoutaires » qu'il faut punir et les localités conquises - plus de 600 selon le gouvernement - comme ouvertes au pillage. Et peu leur importe que ces villes et leurs habitants aient eu à souffrir des bandes adverses, formées d'hommes de main de l'extrême droite nationaliste russe, de fanatiques de la Grande Russie des tsars, qu'encadrent des agents des services spéciaux de Poutine - dont les président et Premier ministre de la République populaire de Donetsk - qui ont fait leurs armes en Tchétchénie, Transnistrie ou Crimée.

Aux exactions des uns répondent celles des autres. Quant au racket des petites gens, il est la règle dans chaque camp. Des camps auxquels se rallient les nantis locaux, au gré de la fortune des armes et de leurs intérêts bien compris. Ainsi Akhmetov, l'homme le plus riche du pays, dont les entreprises sur lesquelles il a fait main basse emploient des centaines de milliers de travailleurs. Favori du régime précédent, il lui avait tourné le dos pour soutenir, comme d'autres oligarques, le pouvoir sorti du Maïdan. Puis, il avait financé les instigateurs d'une République de Donetsk n'ayant de populaire que le nom, avant de tourner casaque à nouveau devant la progression des troupes de Kiev.

Pointant la situation catastrophique des populations du Donbass, le Kremlin a annoncé le 12 août qu'il allait envoyer un convoi humanitaire, sous l'égide de la Croix-Rouge. Les soutiens occidentaux de Kiev le laisseront-ils passer, eux qui ont dénoncé par avance toute aide russe comme une intervention militaire déguisée ? En tout cas, ils parlent là en experts. Combien d'opérations militaires l'Amérique, la France, etc. ont-elles accompagnées d'une prétendue aide humanitaire ?

En Ukraine, dans un camp comme dans l'autre, les travailleurs se trouvent sous la botte des militaires, des paramilitaires, tandis que les affairistes locaux et étrangers s'efforcent de faire des affaires. Cela sur le dos de la population, qu'elle soit russophone ou ukrainophone, et avec la bénédiction des grandes puissances.

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