Russie : L'embargo des uns, et... des autres13/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2402.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : L'embargo des uns, et... des autres

En réplique aux sanctions prises contre Moscou par les États-Unis, le Canada, l'Union européenne, l'Australie, la Norvège, etc., à l'occasion du conflit en Ukraine, le gouvernement russe vient de placer sous embargo, pour un an, les importations de viande, poisson, produits laitiers, fruits et légumes venant de pays qui ont décidé ces sanctions.

Aussitôt les exportateurs de porc canadiens ont attaqué la décision devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Même chose pour les sociétés américaines exportant du poulet en Russie. Les producteurs de pommes polonais ont manifesté devant l'ambassade russe à Varsovie. Le patronat français de l'agroalimentaire, lui, s'est précipité à l'Élysée pour demander à Hollande de le soutenir à Bruxelles et auprès de l'OMC. Et toute la presse d'ici de faire chorus.

Le fait que la Russie absorbe 10 % des exportations agricoles européennes, mais seulement 1 % de celles des États-Unis, souligne une des raisons des réticences des États européens à adopter des sanctions à l'encontre de Moscou. Les liens d'affaires étant plus développés avec la Russie que ne le sont ceux de leurs homologues américains, les capitalistes d'Europe n'apprécient guère que des considérations de « politique internationale » affectent leur commerce, donc leurs profits.

Il a suffi que Moscou évoque l'interdiction du survol de la Sibérie pour les avions de pays sanctionnant la Russie, pour que le cours en Bourse des compagnies concernées chute. Chaque jour, en effet, de nombreux vols reliant les capitales européennes à Pékin, Tokyo, Séoul, etc., passent par la Sibérie. Privées de la possibilité d'emprunter cette voie, les compagnies européennes devraient suivre des routes plus longues, à proximité de pays hostiles ou en guerre : d'où des dépenses plus élevées en kérosène et en assurances.

Même si la Russie n'a pour l'heure interdit l'importation ni de vins et alcools, ni de toute une série de produits dont elle ne pourrait se passer, ses mesures ont provoqué un tollé en Occident.

Qu'un embargo bride, même un peu, les profits de « nos » entreprises, pas question. Mais que l'embargo des États-Unis étrangle depuis un demi-siècle la population pauvre de Cuba qui leur tient tête ; qu'Israël bloque périodiquement tout ou partie des importations à destination d'une Palestine qu'il opprime ; que les grandes puissances, dont la France, aient infligé à l'Irak de Saddam Hussein un embargo qui fit des centaines de milliers de morts - ce serait la marque de la civilisation et de la démocratie. Ne serait-ce pas plutôt la loi du plus fort telle que la conçoivent les puissances impérialistes ?

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