Le virus Ebola : La rançon de la misère13/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2402.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le virus Ebola : La rançon de la misère

L'épidémie d'Ebola s'étend désormais à d'autres pays, dont le Nigeria, et le dernier bilan fait état de 1 013 victimes parmi les 1 848 personnes atteintes. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) parle « d'une urgence de santé publique de portée mondiale » et demande « une réponse internationale coordonnée ».

Il faudrait effectivement une action internationale pour venir en aide aux pays touchés, qui manquent de tout. Ainsi, au Liberia, un syndicaliste a déclaré : « Nous n'avons pas de gants, ni de combinaisons, ni d'autres équipements requis. » Les gouvernements africains en sont réduits à faire appel à l'armée. Au Liberia, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et la mise en quarantaine d'une troisième province. Au Nigeria, c'est aussi l'état d'urgence et l'accès aux grandes villes est contrôlé.

Ces mesures drastiques ne peuvent pas tout régler mais elles ont leur raison d'être, à la différence des appels à la religion lancés par les autorités. Au Liberia, la présidente a décrété trois jours de jeûne et de prières pour implorer la protection divine. En Sierra Leone, les représentants des Églises, des musulmans aux catholiques en passant par les protestants, se sont dits « prêts à joindre leurs forces »... Mais ce n'est pas de bondieuseries qu'ont besoin les Africains.

Pour le moment, on est loin de la mobilisation internationale nécessaire. Obama, au cours d'un sommet États-Unis-Afrique tenu début août, a reproché aux pays africains de ne pas avoir identifié rapidement la maladie et isolé les patients. Il leur a même demandé de « reconnaître que leurs systèmes de santé ont été dépassés ». Comme si on pouvait parler de « système de santé », dans ces pays où l'espérance de vie est d'à peine plus de 50 ans, où l'accès à l'eau et à l'électricité est un combat quotidien, où il y a moins de deux médecins pour 100 000 habitants en Sierra Leone ! Et surtout dans ces pays où le capitalisme a tout exploité jusqu'au sang depuis des siècles.

Jusqu'à présent, aucun traitement n'existe du fait des faibles moyens consacrés par les trusts pharmaceutiques à la recherche, faute d'un marché suffisamment rentable. Une responsable de l'OMS explique qu'Ebola est « typiquement une maladie de pauvres dans des pays pauvres dans lesquels il n'y a pas de marché ». Mais, face à la menace d'une épidémie s'étendant à toute l'Afrique et au-delà, il est possible désormais d'envisager la mise au point de traitements efficaces et validés. Comme ce fut le cas à chacune des épidémies, comme le sida, la grippe aviaire, etc.

Obama et les dirigeants des pays riches, s'ils sont capables de mobiliser des milliers d'hommes et des millions de dollars pour intervenir militairement, n'ont pour les populations africaines dans la détresse que des discours.

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