Aéroports : Privatisations en piste...13/08/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2402.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroports : Privatisations en piste...

Côté grand public, on rabâche que le transport aérien perd de l'argent et que ses salariés doivent toujours plus se serrer la ceinture. Côté monde des affaires, le tableau se présente bien différemment : si certaines compagnies gagnent peu d'argent, voire en perdent, les profits, eux, coulent à flots sur les plates-formes aéroportuaires. Il ne faut donc pas s'étonner que le ministre de l'Économie, Montebourg, ait décidé de privatiser six grands aéroports régionaux, pour y organiser l'atterrissage des vautours de la finance.

Depuis 2005, c'est en cours pour les aéroports parisiens de Roissy et d'Orly. Ils sont gérés par ADP, une « des meilleures gagneuses » de l'Agence des participations de l'État, selon le quotidien économique Les Échos. L'État, qui ne conserve plus que 50,6 % des parts d'ADP à côté du géant financier Vinci, s'est dessaisi de 9,5 % de sa participation en 2013 et pourrait aller plus loin encore dans le sens qu'espère le privé, laisse-t-on entendre.

En province, Toulouse-Blagnac sera le premier privatisé. En cédant la moitié du capital de cet aéroport, l'État espère 150 millions d'euros, et 500 millions pour l'ensemble de l'opération sur les six aéroports : de l'argent destiné à renflouer ses caisses. Du moins présente-t-il ainsi la chose. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il offre là un cadeau royal aux financiers. Car il s'agit là, dit le Journal du dimanche (JDD) du 3 août, de « l'un des business les plus convoités de la planète ». Qu'on en juge.

Le seul chiffre d'affaires annuel d'un aéroport comme Toulouse est à peine inférieur au prix auquel l'État pense le vendre, selon la presse. Et puis les aéroports ont une rentabilité fantastique en temps de crise, puisqu'on estime leur marge à 40 % en moyenne. Ils cumulent les gisements de profits : terminaux transformés en galeries commerciales ; boutiques de luxe ; concentration d'hôtels ; emplacements publicitaires géants ; plates-formes de stockage pour les entreprises de logistique ; redevances payées par les compagnies aériennes et leurs passagers, par les entreprises de transport qui desservent les aéroports ; parkings payants gigantesques ; emplacements pour les loueurs de voitures, etc.

Le JDD parle à ce propos d'un « cocktail dont raffolent les investisseurs ». À un détail près : les très coûteux investissements décisifs (installations, infrastructures, bâtiments, viabilisation, desserte de terrains aussi étendus que des villes) ont déjà eu lieu avec des fonds publics. Et maintenant que tout est en place, rodé, amorti et rapporte, l'État l'apporte sur un plateau aux Vinci, ADP-Crédit agricole, CDC-EDF Invest, associés ou non avec d'autres mastodontes internationaux de la gestion aéroportuaire.

En octobre, le gouvernement proclamera le gagnant de son appel d'offres toulousain. Les recalés se consoleront en sachant que le tour de Lyon arrive d'ici la fin de l'année, que Nice suivra, en attendant Bordeaux, Montpellier et Strasbourg.

Partager