Seules les luttes pourront changer les choses09/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2397.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Seules les luttes pourront changer les choses

Le patronat était sorti de la première conférence sociale avec un cadeau de 20 milliards de crédit d'impôt compétitivité et un accord sur la flexibilité. Puis il était sorti de la seconde en ayant obtenu l'allongement de la durée de cotisation retraite à 43 ans. Et il commence la troisième déjà satisfait !

Il lui a suffi de menacer de boycotter la conférence pour imposer d'avance ce qu'il voulait. Il demandait au gouvernement le report de la mise en place du compte pénibilité permettant aux travailleurs de partir un tout petit peu plus tôt à la retraite. C'est accordé. Il voulait plus de liberté pour imposer des temps partiels. C'est chose faite. Il souhaite la simplification du droit du travail. Elle est sur la table.

Le Medef a aussi prévenu : il ne tolèrera aucune « contrainte ». Il demande à bénéficier au plus vite des 41 milliards de baisses de cotisations et d'impôts du pacte de responsabilité, mais il ne s'engagera pas à créer le moindre emploi.

Et qu'ont répondu Valls et Hollande ? « Oui, maîtres. D'accord, maîtres ! ». Voilà le dialogue social : une mascarade qui cache les ordres du patronat.

C'est ainsi depuis le début du quinquennat Hollande, et avec Valls Premier ministre, le Medef est encore plus ravi. Valls est l'homme du patronat et il l'assume sans complexe. Tout comme il revendique fièrement son intransigeance face aux cheminots et aux intermittents du spectacle. Tout comme il se prépare à enterrer la SNCM et à faire pointer les marins au chômage.

En revenant sur les accords pénibilité pour donner satisfaction au Medef à la veille d'une conférence sociale, Valls a démontré qu'il se moquait des confédérations syndicales. Et que font les dirigeants syndicaux ainsi piétinés ? Ils pleurnichent et... en redemandent !

« Valls a porté un coup au dialogue social », a regretté Berger de la CFDT. « Ce n'est pas du dialogue social, c'est du diktat patronal », a déclaré Mailly, dirigeant de FO. Quant à Lepaon de la CGT, il s'est fendu d'une lettre à Hollande pour demander... sa définition dudit dialogue social.

La CFDT n'en a pas moins annoncé qu'elle se rendrait à ladite conférence, tandis que FO et la CGT ont réservé la réponse sur leur participation à Hollande ; une réponse qu'elles devraient pourtant en priorité aux travailleurs.

Les dirigeants syndicaux ne savent que se lamenter de ne pas être écoutés. Mais où et quand ont-ils vu que le « dialogue social » était autre chose qu'une sinistre farce ? Il faut d'ailleurs être un bureaucrate indécrottable pour voir en Gattaz et ses acolytes, qui ne visent qu'à démolir les droits des travailleurs et des chômeurs, des « partenaires sociaux ».

Il suffit d'être, en entreprise, confronté à la guérilla patronale, pour comprendre que dans cette période de crise les patrons sont prêts à tout pour leurs profits. La seule chose qu'ils veulent négocier, ce sont des baisses de salaires, des augmentations du temps de travail ou des suppressions d'emplois.

D'expérience, les travailleurs savent que leurs intérêts ne dépendent pas des réunions au sommet mais de leur capacité à se défendre collectivement. Alors faire croire, comme le font certains dirigeants syndicaux, que le sort des travailleurs dépend de ce genre de grand-messe revient à les désarmer et à trahir leurs intérêts.

Même dans les périodes de prospérité économique, le patronat n'a jamais rien donné aux travailleurs. Tous les droits qui leur ont été accordés ont été conquis de haute lutte.

Le dialogue social est une invention de la bourgeoisie, un leurre, une façon de détourner les exploités des luttes nécessaires. Aujourd'hui, gouvernement et patronat s'assoient dessus, ils font ce qu'ils veulent et comme ils veulent. Cela a le mérite d'être clair. Oui, tout est une question de rapport de force.

Les travailleurs doivent se préparer à retrouver le chemin de la lutte contre un patronat aussi riche que menteur, contre un patronat qui attaque et qui n'a pas de limites. À l'instar de la BNP Paribas, toujours prête à se plaindre quand les salariés revendiquent mais qui s'apprête à payer au gouvernement américain une amende de 6,4 milliards d'euros, comme s'il s'agissait d'une simple amende de stationnement !

À l'instar du groupe Bouygues qui se dit forcé de licencier dans la téléphonie mais qui était prêt à mettre 15 milliards sur la table pour racheter SFR.

Pour que tout cet argent cesse de passer de main en main entre bourgeois et soit utilisé pour créer des emplois avec des salaires et des retraites qui permettent de vivre, il faudra que les travailleurs en fassent l'objectif de leurs luttes.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 juillet

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