Pisani-Ferry : Le rapport nouveau est arrivé02/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2396.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pisani-Ferry : Le rapport nouveau est arrivé

Il y a un an, lors d'un séminaire du gouvernement, la droite avait brocardé ses pistes pour sortir de la crise. Qu'à cela ne tienne, le gouvernement a commandé un rapport à un économiste, Jean Pisani-Ferry, autrefois conseiller de Strauss-Kahn puis de Jospin.

Dans le passé, pour enterrer un problème, les gouvernants nommaient une commission, désormais ils commandent un rapport. Sarkozy en avait demandé deux à Attali, qui en avait revendu une partie à Hollande. Puis on avait eu le rapport Gallois. Voilà maintenant le Pisani-Ferry, promis certainement à prendre la poussière sur les étagères de la République.

Le rapport prétend imaginer la situation de la société française en 2025. Alors, la moitié de l'illettrisme aura disparu, le prix des logements aura baissé de 30 %, les politiciens ressembleront à monsieur tout-le-monde et le bien-être sera pour tous. Qui pourrait être contre ?

Mais, pour y parvenir, le rapport ne ressort que les vieilles recettes qui ont fait faillite et conduit à la régression sociale actuelle. C'est que le gouvernement entend continuer de satisfaire en premier lieu le patronat, c'est-à-dire la politique qui a abouti aux 5 millions de chômeurs et 10 millions de pauvres d'aujourd'hui.

Et les classes populaires n'ont pas fini de souffrir, car le rapport propose de ramener la dette publique des 93,5 % actuels du PIB à 75 %. De même, les dépenses publiques devront baisser de six points, pour atteindre 49 %. Pour cela, il faut poursuivre la réforme de l'État, en commençant par recruter le quart des directeurs des administrations publics dans le secteur privé.

Le rapport ne consacre que cinq lignes à « faciliter le financement des entreprises ». Il propose cependant que celles-ci disposent de moyens financiers supplémentaires. Une fiscalité incitative devrait détourner vers elles l'épargne privée investie actuellement dans l'immobilier. Il s'agirait de créer mille entreprises de taille intermédiaire et d'aboutir à 30 000 entreprises exportatrices. Comme si toutes les politiques d'aides aux entreprises n'avaient pas démontré depuis belle lurette qu'elles n'aboutissent ni à une reprise de l'investissement productif, ni au retour de la croissance.

Et, pour avancer plus vite, le rapport propose - quelle originalité ! - d'accélérer les réformes en évitant à la fois les « petits pas » qui ne changent rien et l'attaque en force qui soulève les oppositions. Pour cela, il faut savoir, dit le rapport, détecter par avance les obstacles sur lesquels la réforme peut capoter. Plus facile à écrire qu'à faire...

Mais, heureusement, les rapports n'engagent à rien !

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