Le scandale de l'amiante : Les responsables à nouveau exonérés de poursuites02/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2396.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le scandale de l'amiante : Les responsables à nouveau exonérés de poursuites

Pour défendre l'indéfendable, complices actifs de l'assassinat de dizaines de milliers de travailleurs par l'inhalation d'amiante au travail, certains juges sont prêts à mentir avec le dernier aplomb. Le 27 juin dernier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris vient, une nouvelle fois, d'annuler la mise en examen de Martine Aubry et de toute une brochette de hauts fonctionnaires, pour avoir pris des décisions de 1984 à 1995 qui ont permis aux patrons de l'amiante de continuer à empoisonner leurs salariés.

Comme le relevait, indigné, l'avocat de l'Association des victimes de l'amiante, l'Andeva : « Dans son arrêt, la cour d'appel estime que c'est seulement en 1995 que les dangers de l'amiante ont été connus. » Ce qui est une grossière contrevérité.

Déjà en mai 2013 la cour d'appel avait annulé une première fois les mises en examen de tous ces hauts fonctionnaires et des dirigeants de la société Eternit. La Cour de cassation avait cassé ce jugement en le déclarant illégal. Mais la cour d'appel n'a pas voulu revoir sa copie. Elle persiste et signe. Tout cela pour empêcher le procès, attendu depuis des années, concernant l'usine Eternit de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, qui a connu une hécatombe de salariés tués par l'amiante. Eh bien, ces juges ont donc osé défier la Cour de cassation. Fallait-il que la cause en vaille la peine !

Oui, le gouvernement de gauche et ses hauts fonctionnaires ont une responsabilité écrasante dans la continuation de l'empoisonnement par l'amiante des travailleurs dans ce pays. C'est en 1982, au début du gouvernement de la gauche PC-PS, que ce dernier, par l'intermédiaire de Martine Aubry et d'une brochette de hauts fonctionnaires, conjointement avec les patrons de l'amiante, a mis sur pied le Comité permanent amiante (CPA) qui avait pour but d'empêcher l'interdiction de l'amiante. Les risques mortels de l'amiante étaient tellement connus qu'ils avaient entraîné des procès monstres aux USA. En Europe, plusieurs pays réclamaient son interdiction, conjointement avec les services internationaux du travail, l'OIT. D'ailleurs, en France, une interdiction partielle avait déjà été promulguée cinq ans auparavant. Mais, pour faire le sale boulot au service du patronat, la gauche se déclare toujours prête. L'interdiction définitive ne sera prononcée qu'en 1997 par Chirac-Juppé, à l'issue d'une nouvelle campagne des victimes et des associations engagées dans ce combat.

L'affaire va donc revenir une nouvelle fois devant la Cour de cassation. On verra ce qu'il en est sur le plan judiciaire. Mais tout cela est bien révélateur de la mentalité de toute cette clique de l'appareil d'État, y compris d'une partie de la justice, qui considère que faire crever des travailleurs pour asseoir les profits des patrons est bien dans l'ordre des choses ordinaires. Et qu'il n'y a là rien à redire

Partager