Intermittents : Les vrais profiteurs de l'intermittence02/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2396.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Intermittents : Les vrais profiteurs de l'intermittence

Les dirigeants du Medef, suivis par d'autres, mentent en accusant sans cesse les intermittents, qui luttent contre les reculs qu'on voudrait leur imposer, de creuser le déficit de l'Assurance chômage et donc, d'une certaine façon, d'être responsables des mesures d'économies imposées à eux et à bien d'autres.

Les caisses de chômage sont uniquement alimentées par des prélèvements sur les salaires de l'ensemble des travailleurs en activité, même de ceux qui ne bénéficient pas de l'assurance chômage. Toutes les cotisations viennent de leur poche. Celles prélevées directement sur leur salaire, bien sûr, tout comme celles nommées à tort « cotisations patronales » et qui ne sont en fait que du salaire différé. C'est d'ailleurs le premier scandale : voir les salariés obligés de financer le chômage décidé par leur patron. La première des justices voudrait que les caisses de chômage, à l'image de celle des accidents du travail et maladies professionnelles, soient uniquement financées par les patrons, seuls responsables de l'augmentation du nombre de chômeurs.

Et puis les vrais profiteurs du système des intermittents, dont on ne parle que très peu, sont justement cette partie des amis des dirigeants du Medef qui sont les employeurs de ces intermittents et qui en usent et en abusent.

D'un peu plus de 9 000 en 1984, le nombre d'intermittents a explosé, pour atteindre et même dépasser aujourd'hui les 110 000 intermittents indemnisés, auxquels il faut rajouter ceux qui n'ont pu atteindre les conditions pour pouvoir l'être. Et cela est le résultat de la volonté des employeurs de précariser l'emploi de toute une série de salariés, au lieu de les embaucher en CDI.

Ce sont eux qui ont généralisé le système... à leur plus grand bénéfice : plus de temps de travail à respecter, embauche et débauche pouvant se faire à la journée, sans avoir de comptes à rendre ni d'indemnisation à payer. Le premier employeur ayant recours à l'intermittence de masse serait Radio-France, avec plus de 6 000 contrats d'intermittents en cours. Ensuite il y a également toutes les chaînes de télévision qui, de façon continue, font passer toute une partie de leur personnel à travers l'intermittence au lieu d'embaucher en fixe. Dans le passé, des conflits sur l'utilisation des contrats temporaires, véritables CDD à répétition, avaient secoué France 2 et France 3 et abouti à la régularisation forcée en CDI de bien des salariés. Aujourd'hui, avec l'intermittence, c'est la même chose en mieux pour les patrons, sans avoir de comptes à rendre, sans avoir à s'engager sur aucune durée, avec à la clé des économies substantielles sur les salaires.

Mais, parmi ces profiteurs, il y a aussi de belles entreprises privées qui utiliseraient massivement les contrats d'intermittents pour faire plus de profit. Au premier plan de celles-ci Disney, avec semble-t-il plus de 1 500 salariés sous ces contrats. Et bien sûr toute une série de grandes, et plus petites, entreprises de production qui accroissent leurs bénéfices à travers ce système de précarisation généralisée.

Voilà quels sont les profiteurs du système, et non pas les salariés qui en subissent les effets. Et ce sont ces profiteurs-là qu'il faudrait faire payer.

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