Espagne : « Podemos », « Nous pouvons » ... Mais quoi ?19/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/lo-2394.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : « Podemos », « Nous pouvons » ... Mais quoi ?

Le mouvement Podemos (« Nous pouvons ») s'est constitué en Espagne au cours des six derniers mois et a réussi une percée spectaculaire lors des élections européennes, avec plus de 1,2 million de voix et cinq députés élus au Parlement européen.

Dans la foulée de son succès, son porte-parole le plus en vue, Pablo Iglesias, a choisi de formaliser son mouvement en parti. Il a fait appel à la création de cercles Podemos dans les villes et les quartiers, mais aussi à structurer la direction de ce parti autour de sa personne. Ainsi l'équipe de ses proches a décidé de soumettre une liste fermée composée de 25 membres au suffrage électronique des citoyens, par l'intermédiaire d'Internet. Les militants voulant briguer la direction provisoire de Podemos devraient eux aussi composer une liste concurrente de 25 membres. Mais la seule liste qui se soit déclarée face à celle d'Iglesias n'a obtenu qu'une faible minorité des quelque 60 000 suffrages exprimés en ligne.

L'équipe élue, composée en majorité d'universitaires, d'intellectuels, d'avocats ou de juristes, ou encore d'étudiants, a pour mission de préparer les futurs états généraux du parti, qui doivent avoir lieu en octobre. Ils ont aussi pour mission de proposer aux cercles Podemos en cours de constitution des objectifs et un programme.

Il est certain que le succès électoral de Podemos a été perçu positivement dans les milieux populaires, comme un encouragement à réagir contre les injustices, les attaques antipopulaires, les scandales. Il en avait été de même de l'irruption du mouvement des Indignés, le 15M, en 2011.

Il reste à savoir quelle direction voudraient donner ceux qui s'imposent aujourd'hui à la tête de la nouvelle formation. Les objectifs mis en avant par les dirigeants de Podemos sont la « rupture démocratique », « l'expulsion de la caste », la mise en place de la « démocratie réelle », et ces mots d'ordre génériques laissent dans l'ombre les principaux problèmes de la classe ouvrière. Pablo Iglesias et son entourage ne parlent jamais de celle-ci comme d'une classe sociale susceptible de jouer un rôle décisif dans la vie sociale et politique. Tout au plus Podemos parle d'améliorer son sort avec le retour aux 35 heures ou la remise en cause de réformes du droit du travail récentes, revendique un revenu de base à assurer à tous. Mais Podemos ne parle jamais de s'en prendre aux capitalistes et à leurs profits. Parler de « démocratie horizontale » est une formule vague alors qu'il faudrait que la classe ouvrière impose son contrôle sur les comptes des entreprises et sur leur gestion. Mais il n'est jamais question, dans les discours et le programme de Podemos, de la classe ouvrière, de ses problèmes et de sa force.

Podemos a été choisi en référence au « Yes we can » d'Obama. Cela précise dans quelle perspective il a choisi de se situer. Ce sera aux travailleurs eux-mêmes de dire : « Podemos », c'est-à-dire « Nous pouvons »... exproprier les capitalistes, transformer la société et la réorganiser en fonction des besoins de tous.

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