Brésil : Coupe et revendications19/06/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/06/lo-2394.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Coupe et revendications

La Coupe du monde de football fait la une de l'actualité, au Brésil sans doute encore plus qu'ailleurs. Les grèves et manifestations de ces dernières semaines ne « menaçaient » pas la Coupe, contrairement à ce que répètent le gouvernement et les médias. Les travailleurs qui y ont participé ne voulaient pas empêcher la Coupe, mais la mettre à profit pour souligner la corruption et le gaspillage qui l'accompagnent, et pour dire que la santé, l'éducation, les transports mériteraient d'être traités au moins à l'égal du football. C'est ce qu'ils ont tenu à affirmer le 12 juin, jour de l'ouverture.

Ce jour-là, il y a eu des actions dans presque toutes les grandes villes où se déroule la Coupe. À Sao Paulo, la veille au soir, les grévistes du métro avaient décidé majoritairement d'arrêter leur mouvement. Mais ils manifestaient le matin du 12 juin contre les 42 licenciements qui les frappent. La police les a violemment refoulés. Omniprésente tout autour du stade où allait se jouer le match inaugural, elle s'en prenait aux Noirs, aux barbus, à tous ceux qui lui semblaient de possibles contestataires.

À Rio, une manifestation a parcouru le centre-ville, revendiquant des fonds pour la santé et l'éducation, scandant des mots d'ordre tels que « 30 jours : 30 milliards » (coût de la Coupe en monnaie locale) ou « Les éboueurs (en grève récemment) valent plus que Neymar » (la star de l'équipe nationale). Un peu plus tard, c'est une des principales avenues de Copacabana qui a été bloquée.

Ces actions, comme celles qui se sont déroulées le même jour à Fortaleza, Belo Horizonte, Porto Alegre et Recife, ou les jours suivants à Bahia, Brasilia et Natal, n'ont rassemblé que quelques centaines de personnes. La police les a surveillées de près, quand elle ne les a pas réprimées. Mais elles ont rappelé que pour la population laborieuse il y a d'autres problèmes que la Coupe, plus graves et plus présents, et qu'il est urgent de les résoudre.

D'autres manifestations, d'autres luttes animeront-elles le mois que va durer la Coupe ? Cela ne dépend pas seulement des gouvernants et des militants. Un acte de violence ou d'arbitraire de la part de la police ou des organisateurs peut servir de détonateur à une révolte qui couve en permanence et que la passion du football fait provisoirement taire. Le gouvernement brésilien et la Fifa le savent et le redoutent.

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