Grande-Bretagne : Derrière la montée en force de l'UKIP28/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2391.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Après les élections européennes

Grande-Bretagne : Derrière la montée en force de l'UKIP

Deux choses auront marqué les élections européennes en Grande-Bretagne. D'une part une nouvelle montée de l'abstention, qui atteint 66 % - un record absolu. Et d'autre part, le fait que, pour la première fois dans un scrutin national depuis 1910, ce n'est pas l'un des deux acteurs du bipartisme institutionnel qui arrive en tête.

Le vainqueur du scrutin est l'UKIP, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, qui obtient 27,5 % des voix et 23 sièges. Les travaillistes suivent avec 25,4 % des voix et 18 sièges, puis les conservateurs avec 24 % et 18 sièges. Quant aux Parti libéral-démocrate, le partenaire minoritaire des conservateurs au pouvoir, il est littéralement laminé, perdant la moitié de ses voix et 8 de ses 9 sièges.

Formé en 1993 par des dissidents du Parti conservateur opposés au traité de Maastricht, l'UKIP avait fait de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne son fonds de commerce.

En 2009, il avait déjà fait une percée à l'occasion des élections européennes, arrivant en deuxième position avec 16,5 % des voix. Dans l'élection de cette année, à son nationalisme anti-européen, ce parti a ajouté une virulente campagne contre l'immigration. Cette fois-ci l'UKIP est parvenu à toucher des bastions ouvriers travaillistes, en particulier dans les régions les plus touchées par la crise.

Son succès a été porté par la démagogie des grands partis qui, pour faire passer leurs politiques d'austérité, ont accrédité l'idée que la crise de l'euro, et par extension l'Union européenne, étaient pour une bonne part responsables de la crise en Grande-Bretagne.

Ce sont également eux qui ont montré du doigt les immigrés en général, et les immigrés européens en particulier, en les accusant d'être responsables de la dégradation des services publics, de prendre les emplois des travailleurs anglais et de faire baisser le niveau général des salaires. Et les grands partis n'ont pas été les seuls à accréditer ce genre de démagogie. Une partie des leaders syndicaux en ont fait autant avec des slogans du genre : « Les emplois anglais aux travailleurs anglais. »

Mais il n'en reste pas moins que ce vote protestataire est une illusion. C'est ce qu'ont montré le jour même les leaders tant conservateurs que travaillistes en disant qu'ils avaient entendu le message des électeurs et qu'ils prêteraient une attention redoublée au « problème de l'immigration ». S'agissant de l'emploi, des bas salaires, de la dégradation des services publics et des mesures d'austérité en général, ils n'avaient rien entendu... bien sûr !

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