Parlement européen, démocratie très limitée07/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2388.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parlement européen, démocratie très limitée

Les élections du 25 mai doivent permettre de désigner les députés au Parlement européen qui siège à Strasbourg. Et beaucoup soulignent que, pour la première fois, le président de la Commission européenne, l'exécutif de l'Union européenne, sera le candidat de la liste arrivée en tête du scrutin européen. Cette élection marquerait donc un pas décisif dans la mise en place d'une démocratie à l'échelle européenne.

Les premières assemblées parlementaires européennes, créées en même temps que les premiers organismes européens à partir des années 1950, n'étaient constituées que de membres désignés par les Parlements nationaux. Ce n'est qu'à partir de 1979 que les députés européens furent élus au suffrage universel. Cela devait donner une apparence démocratique à une construction européenne qui avait résulté exclusivement de tractations entre États.

En réalité, pendant près de vingt ans, ce Parlement n'a eu qu'un rôle symbolique, se limitant à être un organe consultatif. Les chefs des États membres conservaient le monopole des décisions à travers la Commission européenne, dont ils désignaient les membres, et qui, avec les Conseils des chefs d'État et de gouvernement, constituent le seul pouvoir européen réel. Les décisions du Conseil devaient être prises à l'unanimité, ce qui répondait à la volonté des dirigeants européens de pouvoir défendre les intérêts de leurs bourgeoisies respectives. Celles-ci, même contraintes de coopérer pour faire face à leurs puissants concurrents américain et japonais, n'en restaient pas moins concurrentes.

Ces dernières années, les dirigeants européens ont accepté de reconnaître certains pouvoirs au Parlement de l'Union. Sur quelques questions, les députés peuvent proposer des directives qui peuvent, au terme du processus législatif, s'imposer aux États nationaux. Le budget européen doit être approuvé par le Parlement, ainsi que la désignation des commissaires. Le Parlement est ainsi devenu un des rouages de la machinerie européenne.

Y a-t-il là plus de démocratie, et plus de possibilités de contrôle des travailleurs d'Europe sur leurs dirigeants ? Il n'y en a ni plus ni moins qu'à l'échelle du pays, par exemple en France lorsque les électeurs désignent leurs députés, voire le président. C'est-à-dire qu'il n'y en a pas beaucoup, et cela sans même entrer dans les détails des manipulations du mode de scrutin. Quant à l'élection du dirigeant de la Commission européenne par le Parlement, elle ne donnera pas davantage de moyens de contrôle aux travailleurs, pas plus qu'ils n'en ont eu, en France, sur Hollande qui, une fois élu, a pu reprendre la politique de son prédécesseur qu'il avait dénoncée auparavant.

Comme toutes les élections, le scrutin du 25 mai prochain offre une occasion de s'exprimer et les travailleurs n'ont aucune raison de ne pas s'en saisir pour exprimer leur colère face aux sacrifices que les gouvernements de l'Union, tous d'accord là-dessus, cherchent à leur imposer pour continuer de subventionner par milliards les capitalistes européens.

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