Grande-Bretagne : Atos, spécialiste en harcèlement des handicapés07/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2388.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Atos, spécialiste en harcèlement des handicapés

Une société française, Atos, a annoncé au gouvernement britannique qu'elle souhaitait mettre fin avant son terme au contrat passé avec lui. Cette société de service informatique, dirigée par Thierry Breton, ancien ministre de l'Économie sous le gouvernement Raffarin, ancien dirigeant de France Télécom, proposait des services d'évaluation des handicaps afin de vérifier si une personne en invalidité était en état de reprendre le travail.

Cette manière de sous-traiter un service qui relève de la médecine publique est choquante en soi, mais l'objectif de l'État britannique l'était tout autant : faire des économies sur le dos des handicapés. En effet une personne invalide touche en Grande-Bretagne, en moyenne, 500 euros par mois. Si elle se retrouve au chômage, elle n'en touchera plus que 350. Autant de gagné pour le gouvernement britannique qui, comme son homologue français, veut faire les poches des plus démunis.

Les personnes invalides contrôlées par Atos étaient soumises à un questionnaire parfois absurde et surtout victimes de pressions insupportables. Ainsi, une victime d'incontinence et de douleurs aiguës s'est vu retirer son allocation d'handicapée, après qu'on lui a demandé de se mettre sur la pointe des pieds, ce dont elle était incapable. Elle a fait appel à la justice, qui lui a donné raison en moins de trois minutes. Pourtant, en trois ans, elle a été de nouveau convoquée à cinq reprises par Atos. Ces « experts » ont aussi trouvé moyen de déclarer apte au travail un homme plongé dans le coma ou des personnes qui allaient mourir peu de temps après.

Plus de 40 % des personnes ayant porté leur cas devant la justice ont eu gain de cause et ont retrouvé leur droit à l'allocation. Mais la riposte de l'État a été révoltante. Il a suspendu pour le temps de la procédure les droits de ceux qui portaient plainte. Les handicapés se sont organisés et ont manifesté contre Atos mais aussi contre le gouvernement.

La décision d'Atos de mettre fin au contrat s'explique en partie par cette mauvaise publicité. Il semblerait aussi que l'activité soit beaucoup moins lucrative qu'au début, où la société gagnait 134 millions d'euros par an. Le département du Travail anglais a en effet modifié le questionnaire, le rendant plus long, plus complexe et donc moins rentable. Mais l'an dernier Atos a signé un nouveau contrat de 485 millions d'euros avec le gouvernement britannique, portant cette fois sur l'évaluation de tous les titulaires de pensions d'invalidité. Thierry Breton et son entreprise ont encore de copieux profits à se faire sur la traque aux handicapés.

Aline URBAIN

Crasseux de chez crasseux

On retrouve Atos, la société dirigée par Thierry Breton, sur la liste des sociétés sponsors des jeux paraolympiques. Se faire de la publicité avec les jeux des handicapés après leur avoir fait la chasse pour tenter de diminuer leurs pensions, c'est sans doute cela qu'on appelle de l'expertise.

Si la saloperie était une discipline olympique, les dirigeants Atos auraient sûrement une médaille d'or.

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