Sapin et Montebourg à Berlin : Le problème n'est pas le déficit mais à qui on le fait payer09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sapin et Montebourg à Berlin : Le problème n'est pas le déficit mais à qui on le fait payer

Michel Sapin et Arnaud Montebourg, sont allés rencontrer leurs homologues allemands à Berlin. Le déplacement avait pour but d'afficher les bonnes relations entre les gouvernements des deux plus grandes puissances européennes et de discuter de la réduction du déficit public de la France.

Dans le cadre du fameux traité de Maastricht, les États européens se sont engagés à ne pas laisser leur déficit public dépasser les 3 %. Or, crise financière et surtout aide aux banques obligent, cette limite a été largement enfoncée par nombre de pays européens. Hollande avait promis que la France rentrerait dans les clous en 2015, mais cette année encore, le déficit se trouve être au-dessus du niveau annoncé : 4,3 % au lieu de 4,1 %.

Alors Montebourg et Sapin sont allés expliquer, chacun jouant une partie de la partition, que le gouvernement français prendrait bien des mesures d'austérité pour réduire le déficit, mais aussi qu'il faudrait accepter plus de souplesse dans les échéances. Quelques semaines auparavant, le nouveau chef de gouvernement italien, Matteo Renzi, avait tenu le même discours, non seulement à Berlin mais aussi à Paris.

Tous discutent de quelle souplesse il faudrait avoir vis-à-vis des critères de Maastricht et des délais qu'il faudrait laisser pour revenir à la barre symbolique des 3 % du déficit public. Mais la vraie question à poser est : d'où viennent ces déficits, qui en a profité et continue d'en profiter, et qui les paye ?

Pour venir en aide aux banques, alors qu'elles étaient directement responsables de la catastrophe financière de 2008, les États ont considérablement augmenté leur endettement. Puis, au nom de la compétitivité, ils ont aussi accentué leur politique de cadeaux fiscaux aux entreprises, à coups d'allégements de cotisations sociales et de baisses d'impôts, comme le crédit d'impôt recherche, le crédit d'impôt compétitivité ou encore le futur pacte de responsabilité.

Des dizaines de milliards d'euros par an ont été ainsi transférés directement des caisses de l'État aux caisses des banquiers et des industriels. Et pour rembourser ces dettes, le gouvernement impose toujours plus de mesures antiouvrières et une politique d'austérité.

Alors, les différents points de vue sur la vitesse à laquelle doit se réduire le déficit ne sont en réalité que différentes options sur la vitesse à laquelle le noeud coulant autour des classes populaires sera serré. Et le problème pour les travailleurs n'est pas de savoir s'il vaut mieux souffrir brutalement ou de façon prolongée, mais de mettre fin à cette mise en coupe réglée de toute la population pour servir les taux d'intérêt des banquiers.

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