Hongrie : La droite et l'extrême droite renforcées09/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2384.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Hongrie : La droite et l'extrême droite renforcées

Le premier ministre hongrois Viktor Orban a remporté les élections législatives dimanche 6 avril, son parti, le Fidesz (Union civique hongroise), arrivant largement en tête avec plus de 44 % des voix. Son résultat, en recul de 8 points par rapport aux précédentes législatives de 2010 qu'il avait déjà remportées, lui permet d'obtenir une nouvelle fois une majorité des deux tiers des députés à l'Assemblée.

Grâce à cette majorité, il avait pris la précaution de faire adopter une réforme électorale favorisant une telle victoire. Les circonscriptions, dont le nombre a été diminué, ont été redécoupées de façon à affaiblir l'opposition, et le mode de scrutin, limité à un seul tour, a été conçu pour favoriser le parti qui arrive en tête, sans qu'il soit majoritaire pour autant. Pour trouver des idées, Orban n'a eu qu'à s'inspirer de ce qui se pratique couramment dans bien des États d'Europe qui se prétendent démocratiques.

Mais la victoire d'Orban ne tient pas seulement au système électoral. Elle tient d'abord au discrédit profond des partis qui représentent la gauche en Hongrie. Le principal, le MSZP, le Parti socialiste hongrois, héritier de l'ancien parti stalinien, était revenu au pouvoir après avoir remporté les élections en 2002 et s'est déconsidéré en menant une politique d'austérité, imposant de sévères sacrifices à la population, au nom des efforts nécessités par l'entrée dans l'Union européenne en 2004.

Ces politiciens qui ont « menti du matin au soir » à la population, pour reprendre la formule d'un ancien Premier ministre socialiste, ont suscité un rejet tel qu'ils ont ouvert la voie du pouvoir à la droite la plus réactionnaire.

La Hongrie, comme tous les autres pays de l'Europe orientale, s'est retrouvée mise en coupe réglée par le grand capital des puissances impérialistes, en particulier allemande et française. Et c'est en tant qu'État dominé que, de fait, la Hongrie a intégré l'Union européenne. Cela n'a pas changé avec Orban qui, comme ses prédécesseurs, doit se soumettre aux conditions posées par ceux qui détiennent les cordons de la bourse. Les fonds européens constituent toujours une des sources principales de financement de la Hongrie et une des sources de profit des groupes de BTP dirigés par des proches du pouvoir.

Une politique antiouvrière, nationaliste et xénophobe

Orban, comme ses prédécesseurs, s'est attaqué aux travailleurs, et surtout aux plus pauvres d'entre eux. Il a réduit en 2011 le montant et la durée maximum du versement des allocations chômage, la passant de 270 à 90 jours. Il a imposé aux chômeurs une obligation de travailler gratuitement, dans des services publics et dans certains cas pour des entreprises privées.

Orban n'a pas fait reculer le chômage, qui touche aujourd'hui officiellement autour de 10 % de la population mais en réalité beaucoup plus, car une grande partie des travailleurs n'ont pas d'emploi stable, pas plus qu'il n'a fait diminuer la pauvreté, dans ce pays où plus de 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Mais, dans le même temps, Orban s'est lancé dans une surenchère sur le terrain du nationalisme et de la xénophobie, pour donner le change, voire pour trouver le moyen de financer quelques gestes vis-à-vis de la population. Dénonçant la mainmise et la dictature de l'Europe, au nom de la défense de l'indépendance de la Hongrie, il a imposé une taxation exceptionnelle à certaines grandes entreprises étrangères. Aux sociétés de distribution de l'électricité, toutes étrangères, il a imposé une baisse de leurs tarifs. Cela ne les a pas réduites aux abois, loin de là, mais cela a contribué à la popularité d'Orban.

Sur le plan politique, Orban a modifié la Constitution, y intégrant des références à la religion, supprimant le terme de « république ». Dans la même veine, Orban se réfère au régime de l'amiral Horthy qui imposa à la Hongrie un régime de dictature féroce de 1920 à 1944. Les cours de catéchisme ou de morale patriotique, au choix des parents, sont devenus obligatoires à l'école.

Cultivant la nostalgie de la Grande Hongrie, thème agité par la droite nationaliste depuis le lendemain de la Première Guerre mondiale qui a vu l'est de l'Europe réorganisé par les grandes puissances victorieuses, il a accordé aux Hongrois minoritaires dans les pays voisins -- 550 000 d'entre eux ayant obtenu un passeport hongrois -- le droit de participer aux élections législatives.

En menant une telle politique, Orban a légitimé et encouragé des courants se situant davantage encore sur sa droite. Ainsi le parti Jobbik a vu son audience s'accroître. À la différence du parti d'Orban, ce mouvement fascisant, ouvertement antisémite, a gagné des voix aux dernières élections, atteignant 20,7 % des voix, en progression de quatre points par rapport à 2010. Son dirigeant, Gabor Vona, ne s'est pas contenté d'une démagogie verbale. Paradant à la tête de milices paramilitaires, il a organisé ces dernières années de véritables pogroms anti-Roms. Il a capté à son profit les courants les plus violemment anticommunistes. Cette extrême droite aux méthodes fascisantes, qui se nourrit du chômage et de la pauvreté, constitue une menace pour l'ensemble des travailleurs.

Face à la dictature du grand capital occidental et à celle des classes dominantes hongroises, il est vital que s'affirme un courant communiste et internationaliste.

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