Ukraine : Ceux qui invoquent le « droit international » et comment ils s'en servent26/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2382.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : Ceux qui invoquent le « droit international » et comment ils s'en servent

À l'occasion du bras de fer opposant l'Occident et la Russie autour de l'annexion de la Crimée par Moscou, une expression revient en boucle dans les déclarations des gouvernants ou les médias ouest-européens et américains : le respect du droit international.

Représentant du plus puissant État de la planète, Obama avait ouvert le bal en proclamant : « Un référendum en Crimée (sur le rattachement de celle-ci à la Russie) violerait le droit international. » Pour ces puissances de moindre envergure que sont la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, Hollande, Merkel et Cameron ont parlé d'un « référendum illégal et illégitime ». Puis, ce scrutin ayant démontré que la grande majorité de la population de Crimée trouvait, elle, légitime de rejoindre la Russie, on a eu droit à un concert sur le mode : « L'intégration de la Crimée dans la Fédération de Russie est contraire au droit international », selon les mots de la chancelière allemande.

Elle et ses compères veulent surtout persuader leur opinion publique que les puissances impérialistes sont dans leur bon droit quand elles décident de ce qui est légal et légitime en se fondant sur leurs seuls intérêts.

En fait, le droit international, c'est cela : leur droit. C'est la codification, par l'ONU (Organisation des nations unies) et les autres organismes que dominent les grandes puissances, de la loi du plus fort et, en cas de rivalité non tranchée entre les brigands qui dominent le monde, c'est le résultat du compromis auquel ils sont parvenus.

Dans tout cela le droit des peuples à décider d'eux-mêmes n'a aucune place.

Ainsi la sécession de la Crimée, même sanctionnée par 97 % des électeurs, serait sans valeur en droit international parce que l'Ukraine, dont dépendait la Crimée, est gouvernée par des gens que soutiennent les États-Unis et l'Union européenne. Au contraire, la sécession de l'ex-province serbe du Kosovo en 2008 serait parfaitement légitime en droit international, parce que les puissances occidentales soutenaient le Kosovo contre le pouvoir de Belgrade qu'elles avaient combattu, lors de l'éclatement de la Yougoslavie.

Il faut aussi rappeler le 19e et le 20e siècles, quand la France et l'Angleterre, qui s'étaient taillé par les armes d'immenses empires dans la chair des peuples d'Afrique et d'Asie, notamment, se virent accorder un droit de pillage exclusif internationalement reconnu sur leurs colonies et leurs centaines de millions d'habitants.

Mais même après la décolonisation, le droit international a couvert les pires crimes contre les peuples. De la guerre de Corée menée par les États-Unis et leurs alliés dans les années 1950 aux dernières interventions françaises au Mali et en Centrafrique, on ne compte plus les opérations militaires des puissances impérialistes que leur droit international a justifiées sous l'égide de l'ONU, cette moderne « caverne de brigands », comme le disait Lénine de la Société des nations, ancêtre de l'ONU.

Et même quand, chose rare, des centaines de résolutions à l'ONU viennent affirmer et réaffirmer depuis plus d'un demi-siècle le droit des Palestiniens à un État indépendant, voire condamnent l'occupation militaire de la Palestine par Israël, qu'est-ce que cela change ? Israël, soutenu militairement et financièrement par les États-Unis qui en ont fait le garant de l'ordre impérialiste dans la région, peut bien s'asseoir sur les droits des Palestiniens, et même sur les résolutions de l'ONU, ceux qui nous rebattent les oreilles avec leur « droit international » n'en ont cure : précisément parce que ce droit est le leur, et qu'ils l'interprètent en fonction de leurs seuls intérêts.

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