Travail en prison : Tout bénéfice pour les capitalistes26/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2382.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail en prison : Tout bénéfice pour les capitalistes

Certaines sociétés font travailler des détenus pour des salaires de misère et en leur déniant les droits les plus élémentaires. Un procès devant la Cour d'appel de Paris le confirme une fois de plus

Une détenue de la maison d'arrêt de Versailles, suspendue sans compensation en avril 2011 par son employeur, avait alors attaqué celui-ci aux Prud'hommes. Elle travaillait comme télé-opératrice pour la société MKT, un centre d'appel téléphonique installé au sein de la prison, et était accusée d'avoir passé quelques coups de téléphone personnels. MKT prétendait œuvrer pour la réinsertion sociale, mais vantait sur son site Internet la « solution très concurrentielle » que représentait le travail en prison et la « forte motivation du personnel ». Elle comptait parmi ses clients des sociétés comme Free, pour lesquelles ces télé-opératrices payées deux euros de l'heure, presque cinq fois moins que le smic, sont une aubaine.

Les Prud'hommes ont d'abord condamné l'entreprise à 521 euros d'indemnités pour « inobservation de la procédure de licenciement », ce qui était une première, et à 2 358 euros de rappel de salaire. MKT ayant osé faire appel, le tribunal a maintenu les rappels de salaire mais annulé le verdict de licenciement abusif. Selon la loi « les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l'objet d'un contrat de travail ».

C'est donc tout à fait légalement que près d'un tiers des détenus pratiquent en prison une activité rémunérée. Ils touchent au maximum 70 % du smic horaire, révèle un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, et souvent beaucoup moins.

Grâce à la complicité de l'État, même les prisons rapportent aux entreprises capitalistes.

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