Renault Trucks, Vénissieux - Saint-Priest : Une première réponse aux suppressions de postes26/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2382.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Trucks, Vénissieux - Saint-Priest : Une première réponse aux suppressions de postes

La direction du groupe AB Volvo, dont fait partie Renault Trucks, avait annoncé un plan mondial de 4 400 suppressions d'emplois. Début mars elle a annoncé que pour Renault Trucks, ce sera 1 300 postes de travail supprimés d'ici à la fin 2015. Cela concernerait 508 salariés embauchés en CDI, dont 319 à Vénissieux et Saint-Priest, 61 à Bourg-en-Bresse et 128 à Blainville, ainsi qu'environ 800 salariés en CDD, intérimaires, consultants ou travaillant chez des prestataires.

Ce plan vise ce que la direction appelle les « indirects », tous ceux qui ne sont pas directement liés à la production : les cadres, les Atam mais aussi de nombreux ouvriers, ceux qui ne sont pas directement sur une ligne de montage ou sur une machine.

Il s'agit uniquement d'améliorer la rentabilité du groupe Volvo. Ce n'est pas qu'il soit au bord de la faillite. Comme le dit la presse, « le fabricant de poids-lourds a dégagé un bénéfice net de 430 millions d'euros en 2013 », ce qui pour cette même presse serait une « année difficile » car ce bénéfice est en baisse par rapport à l'année précédente. La rentabilité se situerait autour de 3 % alors que les actionnaires en attendent une proche de 10 %.

Pourtant, au moment où la direction veut imposer des sacrifices aux salariés, les actionnaires n'ont pas à se plaindre puisque le dividende distribué pour l'année 2013 sera le même que pour 2012, malgré les difficultés invoquées. Et depuis des années, l'entreprise a largement profité des aides publiques, que ce soit à travers le financement du chômage partiel à partir de 2009 ou les subventions au Pôle de compétitivité auquel elle participe.

Mercredi 19 mars, à l'occasion de la première réunion du comité central d'entreprise, toutes les organisations syndicales, y compris la CGC, ont appelé ensemble à un rassemblement sur le site où se tenait la réunion. Au total ce sont plus de 700 travailleurs qui se sont retrouvés, pour moitié en faisant grève et l'autre moitié en venant sur leur temps de pause. Autant de monde à un rassemblement, cela ne s'était pas vu depuis longtemps. Et surtout, il y avait en très grande majorité des Atam et des cadres, et ce n'est pas fréquent non plus.

Dans les secteurs et les catégories concernés par le plan règne l'incompréhension. Ce sont ces travailleurs qui ont largement contribué, il y a moins d'un an, au lancement en grande pompe de la nouvelle gamme de camions de Renault Trucks, et aujourd'hui la direction voudrait se séparer d'eux comme des malpropres.

Si elle utilise largement l'argument de la fin des projets liés au lancement de la nouvelle gamme, tout le monde voit bien que ce n'est qu'un prétexte et que ceux qui garderont leur poste devront se partager le travail de ceux dont le poste a été supprimé. D'ailleurs, à Bourg-en-Bresse où 61 suppressions d'emplois sont programmées, la direction annonce une augmentation des cadences, l'arrivée de nouveaux intérimaires et des heures supplémentaires.

La direction profite aussi de l'occasion pour externaliser des secteurs entiers, comme un service entier de caristes à la Pièce de rechange à Vénissieux, l'entretien des bâtiments ou la sécurité.

Des négociations vont maintenant débuter entre la direction et les organisations syndicales sur le « plan social » : il y aura des départs en retraite, des préretraites, des départs volontaires et, à la fin, s'il n'y a pas suffisamment de volontaires, des licenciements.

Le succès de la manifestation du 19 mars pourra aider à des mobilisations futures car il faudra une pression importante pour faire reculer la direction et stopper l'hémorragie des postes de travail.

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