Daher, Marignane (Bouches-du-Rhône) : Capitalisme familial et tradition d'exploitation26/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2382.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Daher, Marignane (Bouches-du-Rhône) : Capitalisme familial et tradition d'exploitation

Fondée à Marseille en 1863, la société Daher est enracinée dans une solide tradition de l'exploitation. Elle est aujourd'hui forte de 7 000 employés et intervient en particulier sur tous les sites aéronautiques. Plusieurs centaines de ses salariés travaillent à Marignane sur les sites de l'usine Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) et de Marlog. Voilà, comme on dit, « une affaire qui marche »... surtout pour la famille Daher.

À Marignane, tout transite par les travailleurs de Daher. Ils acheminent des chariots de pièces qui servent à monter les ensembles dans les différents secteurs. Hommes et femmes passent leur journée à remplir ou à vider des caisses qui défilent sur des rouleaux, en vérifiant chaque composant, chaque référence.

Une partie des magasins est automatisée et ce sont des robots qui vont chercher les pièces. Mais au départ, au déballage, au conditionnement, au chargement, le travail se fait à la main, le transport au transpalette.

Récemment, à la sortie de Marignane, a été construit Marlog, l'un des plus grands centres logistiques d'Europe, qui fournit les pièces d'hélicoptères à l'usine et des pièces de rechange au monde entier. Là aussi les employés de Daher s'affairent dans les entrepôts et les bureaux. Une fois les pièces assemblées dans les ateliers, ce sont encore eux qui les acheminent ou les expédient. D'autres démontent partiellement certains hélicoptères avant expédition. En particulier tous ceux qui partent aux États-Unis passent entre leurs mains.

Une affaire familiale qui marche

Avec presque un milliard d'euros de chiffre d'affaires, Daher, la société dirigée par Patrick Daher, est détenue à 80 % par la famille Daher et celle-ci est vaste : des centaines de cousins se retrouvent à l'occasion de grandes réceptions et de week-ends festifs pour renforcer la cohésion de la famille, et s'offrent des actions comme cadeaux de mariages, de baptêmes, d'anniversaires, etc. Ainsi, on peut apprendre très jeune à vivre du travail des ouvriers.

Patrick Daher veut d'ailleurs sensibiliser ces jeunes de la famille, de 10 à 30 ans, à l'intérêt de celle-ci. Il a donc créé un « fonds spécial » pour éviter « qu'ils ne se tournent vers l'extérieur » en cas de problème financier. Il serait en effet dommage qu'ils aient des difficultés à payer les traites de la piscine ou de la Ferrari...

Du côté des travailleurs de Daher, on s'en doute, les difficultés sont d'un autre ordre.

Élever leurs enfants avec les 1 200 euros de leur salaire relève de la quadrature du cercle. C'est à coups d'heures supplémentaires, en travaillant plus de neuf heures par jour pour certains, parfois un samedi matin, qu'ils essayent de boucler leur mois. Mais ceci explique cela : Patrick Daher est la 211e fortune française et celle-ci a progressé de 10 millions d'euros en 2013.

Patrick Daher, qui n'a pas que ses neveux dans la vie, a aussi pris en 2013 la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille-Fos. À son programme : privatiser tout ce qui est rentable et, entre autres, attaquer les statuts des travailleurs du port. Sur le port de Marseille comme dans son entreprise, il compte utiliser un certain « savoir-faire »... antisocial.

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