Le site chimique et l'amiante19/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2381.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le site chimique et l'amiante

Parallèlement à la manifestation des salariés de Vencorex contre les suppressions d'emplois, une séance du tribunal des prud'hommes s'est tenue devant une salle comble, opposant 182 anciens travailleurs du site chimique à la société Rhodia qui en a été longtemps l'exploitant. Ces retraités, en raison de l'exposition à l'amiante dont ils ont été victimes, demandent 35 000 euros au titre du préjudice d'anxiété, du préjudice de bouleversement dans les conditions d'existence et des manquements et mensonges de la direction. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 150 salariés de la plate-forme chimique ont déjà développé une maladie liée à l'exposition à l'amiante, et 50 en sont morts.

Or on sait désormais que Rhodia a non seulement bénéficié d'une dérogation accordée par l'État, lui permettant d'utiliser l'amiante cinq ans après son interdiction officielle en 1997, mais qu'elle en avait acheté dix tonnes avant l'expiration de ce délai, pour couvrir ses besoins l'année suivante. Preuve a été faite également que de l'amiante était encore utilisé en 2005, et ce contrairement à toutes les affirmations de la direction de l'époque.

L'avocat de Rhodia a pourtant eu le cynisme de demander au conseil de prud'hommes de débouter les retraités de leurs requêtes, les jugeant injustifiées. Il a demandé en outre que soient exclus de la procédure tous les travailleurs ne présentant pas de justificatifs de suivi médical ou d'exposition à l'amiante, et il a contesté les sommes demandées. C'est un comble, quand tous les témoignages et toutes les preuves montrent la présence de l'amiante et sa dissémination sur l'ensemble du site durant des décennies.

La décision du tribunal devrait être rendue le 6 juin. Les actionnaires de Rhodia ont bénéficié d'une législation qui a fermé les yeux sur la dangerosité de l'amiante et ils ont bâti une partie de leur fortune sur la vie des travailleurs du site. À eux de payer les sommes que les travailleurs réclament !

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