Économies budgétaires : Les communes en ligne de mire19/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2381.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections municipales

Économies budgétaires : Les communes en ligne de mire

Le gouvernement veut réduire les dépenses publiques de 50 milliards d'euros pour financer ses cadeaux au patronat. Selon le ministère des Finances, c'est du côté des collectivités territoriales qu'il y aurait le plus à prendre. Bercy y chiffre les économies potentielles à 9 milliards d'euros. Marylise Lebranchu, la ministre de la Réforme de l'État et de la Fonction publique, a donné un aperçu des attaques en préparation dans une interview au Journal du Dimanche.

Depuis des années, l'État se décharge de ses responsabilités en transférant des pans entiers des services publics aux régions, aux départements et aux communes, sans pour autant leur donner les moyens financiers de les faire fonctionner. Pour y faire face, elles ont dû chercher des recettes pour maintenir autant que possible les services les plus indispensables. La ministre chargée du dossier en connaît d'ailleurs parfaitement la nécessité : « Derrière les dépenses publiques, il y a des services rendus à chaque Français au quotidien, de sa naissance à la fin de sa vie, et qui améliorent le bien-être de chacun : crèches, écoles, commissariats, hôpitaux et j'en passe. »

C'est pourtant son gouvernement qui s'apprête à en supprimer toute une partie. Après avoir évoqué le rapprochement de régions, c'est désormais la fusion de certaines communes qui est au programme, pour mettre en application les coupes budgétaires prévues. Depuis 2013, le gouvernement a réduit les dotations des collectivités territoriales, c'est-à-dire ce que leur verse l'État pour fonctionner, de un milliard et demi d'euros, baisse qu'il est prévu de reproduire chaque année. La ceinture s'est resserrée d'un cran en janvier dernier, avec une loi qui contraint les petites communes à fusionner, sous peine d'une réduction supplémentaire de crédits. L'élection au suffrage universel des conseillers communautaires en même temps que celle des conseillers municipaux va dans le sens du renforcement des compétences des communautés de communes, mais avec des budgets en baisse.

La ministre responsable du dossier dit vouloir « mutualiser les faibles moyens, pour permettre d'avoir plus de services publics à moindre coût ». Mais ce tour de passe-passe consiste à partager à plus nombreux une misère budgétaire croissante. « Arrêtons de croire que les économies se feront sans réduire les services publics. Je ferme quatre crèches ? Cela mettrait 100 personnes à la porte », a dit le vice-président de l'Association des maires de France, lui-même maire. Ailleurs, ce sera la réduction des horaires d'ouverture des piscines, la fermeture des bibliothèques certains jours, et mille petites économies quotidiennes au détriment des classes populaires.

À mots à peine couverts, Marylise Lebranchu parle aussi de modifier « l'organisation du travail du personnel municipal », autrement dit d'aggraver les conditions de travail de ceux qui en garderont un, pour pallier la baisse des moyens. En même temps, elle voudrait bien que les maires fassent ce sale travail, mais bien sûr dans le « dialogue social », carte du Parti socialiste oblige : il faudrait non seulement accepter d'être privé de ressources, mais aussi se dire d'accord.

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