Circulation alternée : Un sparadrap sur une jambe de bois19/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2381.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Circulation alternée : Un sparadrap sur une jambe de bois

Lundi 17 mars, le gouvernement a pris la décision de mettre en place le système de circulation alternée à Paris et dans 22 villes de la banlieue proche. Les véhicules à la plaque d'immatriculation paire y étaient interdits de circulation, afin de réduire la pollution.

Le gouvernement s'est décidé à appliquer cette mesure, qui ne l'avait pas été depuis 1997, après plusieurs jours d'intense pollution dans différentes régions. Il fallait bien pour le pouvoir donner l'impression de faire quelque chose, à une semaine des élections municipales. Alors que la pollution automobile n'est responsable que de 20 % de la pollution, cette mesure ne frappe que les automobilistes, et non l'ensemble des secteurs polluants comme les industries ou l'agriculture. Mais surtout, elle ne s'attaque en rien aux causes premières de la pollution, même automobile.

Il faut dire que ces causes sont profondément liées au fonctionnement de la société capitaliste. Dans celle-ci, la question du logement des travailleurs et de leur lieu de travail est soumise, comme toutes les autres, aux lois aveugles du marché. Cette question a toujours été un problème quasi insoluble pour les travailleurs, les villes de l'ère capitaliste ne leur offrant que des taudis, avant que la spéculation immobilière renchérisse les terrains urbains et finisse par les chasser plus loin en banlieue.

Ce phénomène a pris encore une nouvelle extension depuis une quarantaine d'années. L'État, qui avait construit des milliers de logements sociaux face à la crise terrible du logement de l'après-guerre, a cessé de le faire aussi massivement à la fin des années 1970. En parallèle avec la crise économique, les prix de l'immobilier ont flambé dans les grandes villes, et même en périphérie, du fait de la spéculation. Les travailleurs ont dû chercher des logements de plus en plus loin, phénomène qui a fait le bonheur des promoteurs immobiliers et des constructeurs de zones pavillonnaires. Dans le même temps, l'implantation des entreprises a suivi une logique elle aussi liée aux lois du marché et à cette spéculation.

En région parisienne par exemple, la construction d'un centre des affaires à La Défense, la fermeture d'usines comme celle de Citroën Javel ou encore Renault Billancourt, pour revendre les terrains et les éloigner en grande banlieue, n'ont tenu aucun compte du problème d'éloignement domicile-travail qui n'a fait que croître. C'est une des raisons principales de l'augmentation de l'utilisation des voitures car, bien entendu, les transports en commun n'ont pas été développés à la hauteur de ce processus.

Face à cette situation, les pouvoirs publics n'ont aucune solution. Les lois du marché et de la spéculation étant sacrées, il n'est pas question dans le cadre de ce système de planifier l'urbanisation, de maîtriser l'expansion urbaine, de rendre les villes vivables pour les populations et d'harmoniser l'implantation des lieux de travail avec les habitations et les transports publics. En imposant son anarchie et sa loi de la jungle, le capitalisme asphyxie la société, y compris au sens propre.

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