Chypre : Un an après le « sauvetage » mené par la BCE et le FMI Les banques surnagent, la population se noie19/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2381.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chypre : Un an après le « sauvetage » mené par la BCE et le FMI Les banques surnagent, la population se noie

Il y a juste un an, devant la menace d'écroulement du système bancaire de Chypre, l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI décidaient d'accorder à la petite île – ou plutôt à sa partie sud, la partie grecque – un crédit de 10 milliards d'euros pour renflouer les établissements locaux. Tandis que Laïki, la deuxième banque, était fermée, la première, Bank of Cyprus, devait se restructurer, selon le terme élégant qui signifie supprimer des emplois.

Deux mille emplois ont donc été supprimés dans les banques. Le prêt, assorti de mesures d'austérité brutales, dont la moitié a jusqu'à présent été versée, a évité l'écroulement du système bancaire, au grand soulagement des milliardaires qui avaient craint d'y laisser plus que quelques plumes, et surtout des financiers européens qui redoutaient une contagion par effet dominos.

Le système semble replâtré, momentanément au moins, moyennant quelques ponctions sur les capitaux déposés, y compris ceux des ONG. Mais, pour la population, l'austérité n'a pas été qu'une injonction : le produit intérieur brut a baissé de 5,5 % en 2013 et devrait connaître le même sort cette année. Baisse des salaires du privé comme du public, recul de l'âge de la retraite, augmentation des impôts, de la TVA et des taxes sur les carburants notamment, coupe de 10 % dans les dépenses publiques et donc les prestations sociales : le niveau de vie des couches populaires a été attaqué par tous les bouts. Il continue de l'être car le chômage, déjà élevé, a atteint 18 % en octobre 2013 et devrait augmenter encore jusqu'à 20 % au cours de l'année. Dans les services publics, le gouvernement ne remplace plus qu'un départ à la retraite sur quatre ou cinq. Parmi les chômeurs se trouvent de nombreux licenciés des banques ayant perdu l'espoir de retrouver un emploi, et des jeunes diplômés ayant fini leurs études. On ne leur propose qu'un stage dit d'insertion, d'une durée de six mois, avec une indemnisation de 500 euros. Il n'y a rien d'étonnant donc si les centres de distribution de nourriture sont débordés, et si des files se forment devant les agences de l'emploi bien avant leur ouverture.

Les quelque 800 000 Chypriotes de la partie sud de l'île vivent actuellement, à leur tour, les amères retombées du sauvetage du système capitaliste par lui-même.

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