Un mort aux Urgences de l'hôpital Cochin, Paris : Le reflet d'une situation difficile26/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2378.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Un mort aux Urgences de l'hôpital Cochin, Paris : Le reflet d'une situation difficile

À la suite du décès, le 15 février, d'une femme aux Urgences de l'hôpital Cochin à Paris, Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a reconnu dans une interview à France Inter le 25 février « des erreurs d'organisation suffisamment graves pour qu'on prenne des corrections ». Mais il a réaffirmé qu'il n'y avait « pas de situation de sous-effectifs... ils étaient tous là ce soir-là ». Et il ajoute que « dans l'état actuel de l'enquête, même si elle avait été prise en charge correctement, tout de suite, ça n'aurait pas eu d'influence, ça ne l'aurait pas sauvée ». En un mot il y a eu un problème d'organisation mais il n'y a rien à redire sur la situation générale des services d'urgence, tant en hommes qu'en moyens.

Ce faisant, Martin Hirsch est bien dans son rôle de directeur général de l'AP-HP, la plus grande structure hospitalière d'Europe avec 37 hôpitaux où travaillent 92 000 personnes qui accueillent plus de huit millions de malades par an. En bon gestionnaire, il réaffirme « la nécessité d'être rentable ou en tout cas de ne pas perdre d'argent » et propose le regroupement de structures hospitalières, et entre autres de services d'urgence, pour leur assurer un taux d'activité frisant les 80-90 %, c'est-à-dire une véritable saturation.

Comme tous les services d'urgence parisiens celui de Cochin travaille en flux tendu et ce encore plus depuis la fermeture en novembre 2013 des Urgences de l'Hôtel-Dieu. Aujourd'hui Cochin accueille en moyenne 180 à 190 patients par jour, soit 40 de plus et si les effectifs du personnel ont un peu augmenté, les locaux par contre n'ont pas bougé et il n'est pas rare que les malades ne trouvent pas de place dans des box. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé avec cette femme restée pendant des heures dans une « zone de surveillance ».

Le docteur Patrick Pelloux, président de l'association des urgentistes, souligne lui aussi le manque de moyens des services d'urgence : « On a raréfié l'offre de soins, un certain nombre de personnes arrivent aux Urgences et on n'a pas les moyens de s'en occuper... » et il ajoute : « Du coup on n'a pas d'adéquation entre ce qu'on nous demande de faire et les moyens qu'on nous donne ». Il rappelle qu'avant 1988 tous les établissements de santé avaient des services d'urgence et qu'on est passé de 4 000 à 690 services aujourd'hui.

Alors quand les urgentistes, médecins et infirmiers, dénoncent la situation difficile dans leurs services, Martin Hirsch leur répond que tout ne va pas si mal au nom d'une politique d'austérité qu'il entend bien appliquer avec détermination. Et il est parfaitement d'accord avec les récentes déclarations de la ministre de la Santé Marisol Touraine, qui annonce que dans les 50 milliards d'économies annoncées par Hollande, il faudra bien en trouver dans la Santé...

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