Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le gouvernement hongrois de Viktor Orbán mène dans tous les domaines une politique réactionnaire, nationaliste et cléricale. Elle se manifeste en particulier dans le domaine scolaire, par l'encadrement des enseignants et par l'endoctrinement des enfants. Sa référence constante est le régime de l'amiral Horthy qui, de 1920 à 1944, fit régner une dictature violemment antiouvrière amie de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie.

Les cours de catéchisme sont désormais obligatoires dans les écoles, remplacés par des cours de morale si les parents sont vraiment réfractaires au christianisme. En fait de morale, c'est surtout le chauvinisme qui est inculqué aux élèves. Un des livres en usage énumère les « vertus » à cultiver « pour que notre nation puisse être forte » : les vertus chrétiennes, foi, espérance et charité, l'héroïsme patriotique et la piété religieuse.

Il n'est pas non plus question de laisser les enseignants ou les éditeurs se charger de rédiger à leur guise les livres de classe. Tous les manuels seront désormais gratuits dans le primaire, mais conçus par des commissions nommées par les ministères et par l'Académie hongroise des arts, une institution particulièrement réactionnaire.

Pour donner le ton, tous les écoliers de 13 à 14 ans sont dotés d'une Profession de foi nationale qui reprend le préambule de la nouvelle Constitution. Ceux de 10 ans n'ont droit qu'à un résumé. Ces fascicules sont illustrés de chromos patriotiques pseudo-historiques, qui rappellent ceux qui en France, jusqu'au milieu du 20^e siècle, vantaient les hauts faits de Vercingétorix, Clovis, Charlemagne, Jeanne d'Arc, du bon roi Henri IV et du petit tambour Bara.

On pourrait se rassurer en pensant que cela se passe loin d'ici, à 1 500 kilomètres à l'est. Mais c'est à rapprocher des discours que l'on entend dans les assemblées et les manifestations de ces derniers temps en France. Les réactionnaires de tous les pays se donnent le mot, et il y a de quoi s'alerter.