Éducation nationale : Des économies par tous les bouts26/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2378.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : Des économies par tous les bouts

Le mardi 4 mars, le lendemain de la rentrée des vacances scolaires de la région parisienne, l'ensemble des syndicats de l'enseignement du second degré de plusieurs départements d'Île-de-France appellent à une grève et à une manifestation à Paris, à 14 heures devant l'Assemblée nationale. Mais, depuis plusieurs semaines déjà, l'agitation touche des écoles, collèges et lycées, et pas seulement dans la région parisienne.

Dès le mois de janvier en effet sont annoncés les moyens dont disposeront les établissements scolaires de l'enseignement secondaire à la rentrée suivante. Or ces moyens sont globalement en baisse, ce qui permet au gouvernement de supprimer un très grand nombre de postes d'enseignants. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, les heures supplémentaires représentent l'équivalent de 1 000 postes d'enseignants. Autrement dit, on supprime des postes et on fait faire une partie ou la totalité du travail par les enseignants qui restent en place.

Là où le nombre d'élèves augmente, conséquence mécanique d'une poussée démographique, le ministère ne crée pas pour autant le nombre de postes d'enseignants correspondant. Les prévisions d'effectifs d'élèves sont toujours faites avec des chiffres qui ne correspondent pas à la réalité. Ainsi, dans les Hauts-de-Seine, la direction académique ne prévoit l'accueil que d'environ 500 élèves supplémentaires dans le secondaire à la rentrée de septembre 2014, alors qu'il y en aura... 1 700. Comme il n'est dès lors prévu que la création de postes nécessaires à l'encadrement de seulement 500 élèves supplémentaires, les classes seront automatiquement surchargées.

Autre « chantier » du ministre de l'Éducation nationale : la suppression des classes destinées à s'occuper des élèves les plus en difficulté, les SEGPA, avec pour conséquence la suppression des postes d'enseignants spécialisés correspondants. Que fera le ministère des élèves de ces sections ? Il les scolarisera dans des classes dites ordinaires. Comme leurs difficultés ne disparaîtront pas par décret ministériel, on imagine aisément que sans personne pour s'occuper spécifiquement d'eux, ils se retrouveront complètement noyés.

Le gouvernement n'est pas non plus à court d'idées pour opérer des coupes claires dans l'enseignement professionnel. Son prédécesseur de droite avait déjà diminué de quatre à trois ans le nombre d'années d'études nécessaires pour obtenir le baccalauréat professionnel. Il est question d'économiser encore une année supplémentaire

La toute dernière réforme que le gouvernement est en train d'appliquer, et qui suscite beaucoup de mécontentement, est la suppression des zones d'éducation prioritaire (ZEP), alors que les établissements classés en ZEP peuvent bénéficier de classes relativement moins surchargées. Dans un collège de Gennevilliers, aux enseignants en colère, on a répondu qu'ils pouvaient bien faire cours à plus de 30 et même plus de 35 élèves par classe : les élèves étant souvent absents, cela n'augmenterait pas leurs effectifs !

La suppression de ces ZEP permet au gouvernement de faire également des économies sur les salaires, car les enseignants concernés bénéficient de primes liées à cette classification. Du coup, la perte de salaire peut s'élever à 100 euros, voire plus. Une perte qui s'ajoute au blocage salarial en vigueur pour tous les fonctionnaires. Sans oublier les annonces de Peillon concernant le blocage de l'avancement automatique, certes démenties par le Premier ministre Ayrault, mais qui signifient surtout que ce projet est dans des cartons... toujours ouverts.

Suivant son objectif, à savoir trouver les milliards d'économies exigées par le patronat dans le cadre du pacte de responsabilité, le gouvernement prend des mesures qui semblent n'avoir aucun rapport les unes avec les autres, et qui sont toutes censées améliorer l'éducation de la jeunesse. Mais ce sont en fait autant d'attaques contre les salaires et contre l'emploi, avec comme conséquence l'aggravation des conditions d'enseignement des jeunes. Il n'y a donc aucune raison de les accepter, pas plus que toutes les autres attaques menées par ce gouvernement contre le monde du travail.

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