Call Expert, Abbeville : Ce n'est pas aux salariés de payer pour un patron voyou26/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2378.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Call Expert, Abbeville : Ce n'est pas aux salariés de payer pour un patron voyou

Ces dernières années, les fermetures d'entreprises se sont succédé dans la région d'Abbeville. Dans cette zone sinistrée pour l'emploi, le centre d'appel Call Expert était devenu le plus gros employeur privé, avec près de 600 salariés, dont 490 fixes.

Après la mise en examen, le 17 octobre dernier, du patron de Call Expert, Bertrand Delamarre, pour abus de biens sociaux, usage de faux et présentation de faux bilans, une nouvelle catastrophe sociale menace donc des centaines de travailleurs et leurs familles. Âgés de 18 à 35 ans, souvent sans qualification, parents isolés d'enfants en bas âge, ces jeunes travailleuses et travailleurs, payés à peine plus que le smic, sont d'autant plus en colère qu'ils paient pour l'irresponsabilité d'un patron voyou... et pour la bienveillance de l'État à son égard.

En effet Delamarre a accumulé les impayés pendant des années, négligeant de payer les cotisations sociales et fiscales : sa dette globale atteindrait près de 19 millions d'euros. Les rares fois où on lui a demandé des comptes, il a utilisé le chantage à l'emploi pour qu'on le laisse tranquille... et cela a marché. Bien malin qui peut dire où sont passés les millions détournés par Delamarre, et qui représentent une partie du salaire différé des travailleurs. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'est largement servi au passage et que, s'il porte maintenant un bracelet électronique, ce sont les travailleurs qui se retrouvent condamnés.

Le seul repreneur qui semble encore dans la course a annoncé la couleur : des centaines de licenciements, des salaires en baisse et des avantages, comme les tickets restaurant, en moins.

Les salariés de Call Expert, qui sont près de 750 à l'échelle du pays, sont décidés à ne pas se laisser mettre à la rue sans réagir. Ces derniers jours, ils ont fait grève et manifesté dans les rues d'Amiens et d'Abbeville. Ils réclament le paiement des heures de grève, un plan de formation professionnelle majoré et surtout que l'État, qui a accepté de fermer les yeux sur les malversations de Delamarre, mette la main à la poche et paye des indemnités de départ dignes de ce nom.

Ce serait en effet la moindre des choses dans cette situation, qui illustre une fois de plus le fait que les travailleurs doivent se battre pour contrôler les comptes des entreprises et des capitalistes. C'est le seul moyen d'empêcher que toutes les décisions qui concernent leur emploi, et donc leur avenir, soient entre les mains de patrons qui font toujours passer leurs profits avant tout le reste.

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