Un pacte contre les travailleurs23/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2373.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Un pacte contre les travailleurs

Il faut être naïf, ou menteur professionnel, pour voir dans les dernières annonces de Hollande un tournant politique. Les travailleurs de Peugeot Aulnay, de Petroplus, d'ArcelorMittal, tous ceux licenciés l'année dernière ont compris depuis longtemps que Hollande était dans le camp du patronat.

À qui les travailleurs doivent-ils la suppression de jours de RTT, de primes, et la généralisation de la flexibilité ? Au patronat, et au gouvernement qui inscrit dans la loi le chantage à la compétitivité. Et c'est sans parler du recul des droits à la retraite, des augmentations d'impôts, de la hausse de la TVA destinée à payer le cadeau du crédit d'impôt compétitivité emploi au patronat.

Les travailleurs n'ont pas besoin d'être experts politiques, ni de savoir si Hollande est socialiste, social-démocrate ou social-libéral pour comprendre que ce gouvernement les attaque depuis vingt mois.

Et avec le pacte de responsabilité, c'est reparti pour un tour ! Les médias font tout un cinéma autour d'une « nouvelle donne économique ». Comme si cela ne faisait pas des décennies que les gouvernements baissent les charges, au prétexte de créer des emplois.

La principale mesure du pacte de responsabilité est tout bonnement la suppression des 30 à 35 milliards de cotisations familiales payés par le patronat. Comme toujours, on nous dit que cela réduira le chômage. Un million d'emplois pourraient en découler, dit le patronat. Deux millions, surenchérit Montebourg.

Et pourquoi pas 3, 4 ou 5 millions ? De qui se moquent-ils ? Patronat et gouvernement n'ont pas été capables d'inverser la courbe du chômage. Il y a 500 000 chômeurs de plus depuis que Hollande a été élu, et ils veulent nous faire croire qu'ils vont créer un million d'emplois !

Depuis des années, les exonérations de cotisations se multiplient et le chômage augmente. L'emploi est le grand alibi pour imposer des reculs aux travailleurs, pour permettre à la bourgeoisie de se servir dans les caisses publiques, pour augmenter les profits.

« Il n'y a pas de raison que les prestations familiales soient payées par le patronat », a eu le culot de dire Hollande. Eh bien si ! La raison en est que le salaire est composé de deux parties. Une partie versée immédiatement, le salaire net, et une autre, dont le versement est différé dans le temps et qui se fait au travers des remboursements maladie, des indemnités chômage, pensions et allocations familiales... Ces cotisations font partie intégrante des droits des salariés. Les réduire est inacceptable.

Hollande prétend que ce cadeau au patronat sera financé par des économies sur les dépenses publiques. Mais, là encore, ce sont les classes populaires qui paieront. Le gouvernement ne touchera pas aux dépenses faites en faveur du patronat. Il ne touchera pas aux 50 milliards que l'État verse annuellement aux banquiers en intérêts de la dette. Il ne touchera pas aux milliards versés à Dassault au titre de l'achat de Rafale et autres gadgets militaires. L'État continuera de servir de vache à lait aux grands groupes capitalistes.

En revanche, il prendra l'argent des communes, des départements, des régions, il demandera aux ministères de serrer la vis, il imposera des restrictions aux hôpitaux, à l'Éducation nationale.

Cela sonnera la fin de certaines aides, de subventions aux associations. Tout ce que les services publics n'assureront plus, il faudra le payer, en passant par des entreprises privées ou des mutuelles. Pour les travailleurs, il ne s'agira pas d'économies mais de sacrifices.

Et pendant qu'on nous jouera la comédie du pacte de responsabilité, les lettres de licenciement tomberont pour les travailleurs de Goodyear, pour ceux du transporteur Mory Ducros, de Fagor, de La Redoute. En même temps, Goodyear fait des bénéfices, et le groupe Pinault, qui vient de vendre la Redoute pour sous-traiter les licenciements, prospère !

Alors qu'à la Bourse de Paris le CAC 40 a augmenté de 18 % en 2013 et que des centaines de milliards affluent à nouveau sur les marchés spéculatifs, le gouvernement s'attaque aux salaires et aux droits des travailleurs. Oui, le gouvernement PS est passé corps et âme dans le camp de la bourgeoisie, et cela ne date pas d'hier.

Les partis qui, pendant vingt mois, ont laissé entendre que le gouvernement pourrait améliorer le sort des travailleurs les ont lanternés, et ils ne méritent pas leur confiance. Ce gouvernement est un ennemi des travailleurs. Il faut le combattre avec la même détermination que l'on mettrait à combattre un gouvernement de droite.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 janvier

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