Mali : Le nouveau pouvoir et sa prétendue lutte contre la corruption15/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2372.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : Le nouveau pouvoir et sa prétendue lutte contre la corruption

Dans le dernier numéro de leur journal Le pouvoir aux travailleurs, nos camarades de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (UATCI-UCI) dénoncent les prétentions du président Ibrahim Boubacar Keïta de lutter contre la corruption, qui a gangrené l'État malien sous tous les présidents, sous l'oeil complice de la France.

À chaque fois qu'un nouveau chef d'État s'installe au pouvoir au Mali, il clame haut et fort que la lutte contre la corruption sera au centre de sa préoccupation. Ibrahim Boubacar Keïta a dit que ce sera sa « priorité pour 2014 ». Une centaine de dossiers seraient déjà devant le juge et de nombreuses personnalités proches de l'ancien président Amadou Toumani Touré, ainsi que celles proches de Dionkounda Traoré, seraient convoquées pour répondre à des accusations de malversations.

Selon Amadou Ousmane Touré, qui fait figure de monsieur anticorruption du régime, une somme de près de 50 milliards de francs CFA (soit 76 millions d'euros-NdR) aurait été détournée des caisses de l'État rien qu'au cours de l'année 2012. Et cela ne constituerait qu'une partie des détournements, car ils ne concernent que vingt dossiers. Il parle d'une « véritable mafia financière ».

Aucun travailleur n'ignore l'état de la corruption au Mali. Tout le monde sait que, pour obtenir le moindre papier administratif, il faut mettre la main à la poche. Tout le monde sait que, pour voyager d'une ville à une autre, il faut graisser la patte des gendarmes, militaires et douaniers. Tout le monde sait que l'argent destiné à réaliser des infrastructures utiles à la population est détourné par ceux qui sont censés les réaliser et que, pour financer des écoles, des maternités, des retenues d'eau pour les champs ou des forages d'eau potable, les travailleurs immigrés eux-mêmes sont obligés de cotiser pour les prendre en charge dans leur village.

Pendant que la majorité de la population se démène quotidiennement pour trouver de quoi manger et payer son loyer, une minorité de riches Maliens se vautre dans la richesse dans des villas bien climatisées autour de Bamako. Ce n'est pas en travaillant que cette minorité amasse des richesses, mais surtout en détournant l'argent des caisses de l'État.

Derrière la prétendue lutte contre la corruption du nouveau président, il y a surtout son envie de se débarrasser de quelques hauts fonctionnaires et de quelques politiciens de l'ancien régime pour installer son propre clan de voleurs. Quelques têtes vont changer mais tout le reste continuera comme avant, tant que les travailleurs et les classes pauvres maliennes ne prendront pas eux-mêmes leur destinée en main en s'organisant pour défendre leurs propres intérêts.

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