Belgique : La Marche des sans-papiers afghans01/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2370.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : La Marche des sans-papiers afghans

Vendredi 20 décembre, plusieurs centaines de réfugiés afghans ont démarré une marche pour réclamer leur régularisation, reprenant l'idée de la Marche contre le racisme. Partis de Bruxelles, ils ont rejoint Mons dimanche, à 80 km au sud, pour demander à être reçus par le bourgmestre socialiste Elio Di Rupo, qui est aussi le Premier ministre du gouvernement fédéral.

Un long détour en quelque sorte, puisque ces 480 réfugiés ont trouvé un hébergement dans une église à Bruxelles, à quelques centaines de mètres du siège du Parlement et du gouvernement. Mais le Premier ministre refusait de les recevoir. En l'absence de micros et de caméras, il « sympathise » avec leur cause, mais il ne peut rien faire, leur dit-il, car « l'opinion publique est défavorable et nous sommes en période électorale » (les élections législatives tombent fin mai 2014). Ladite opinion publique est aussi hostile à l'avalanche de nouvelles taxes, aux mesures visant le blocage des salaires, aux effets de l'austérité imposée aux communes qui y suppriment des emplois et aggravent les difficultés de la population. Mais le Premier ministre n'entend pas soumettre cet aspect de sa politique à l'approbation des électeurs et des travailleurs. Il choisit donc de rester muet face à la démagogie des ministres de droite qui travaillent la peur et les sentiments xénophobes pour couvrir leur politique entièrement au service des capitalistes.

Les quelques centaines de marcheurs afghans qui sont mobilisés depuis plusieurs mois n'ont contre tout ce cynisme, cette hypocrisie, que leur courage, mais ils en ont beaucoup ! Ces hommes et ces femmes, la plupart jeunes, forcent l'estime par leur détermination, leur dignité, leur organisation et la solidarité dont ils font preuve les uns envers les autres. Ils savent expliquer – en néerlandais comme en français – que si la secrétaire d'État à l'Immigration, la libérale de droite Maggie De Block, considère que la capitale afghane est « une zone sécurisée » vers laquelle ils peuvent donc être expulsés, son collègue de la Défense interdit aux soldats belges de sortir de leurs retranchements autour de l'aéroport de Kaboul pendant que le ministre des Affaires étrangères « déconseille de façon absolue » aux ressortissants belges de se rendre dans ce pays.

Le 23 décembre, les manifestants ont quitté leur campement sur la Grand-Place, devant l'hôtel de ville de Mons. et ont pu enfin rencontrer Di Rupo et De Block pour discuter de leur situation, chose qu'ils demandent depuis plusieurs mois. Les ministres leur ont promis de réexaminer leurs dossiers. Rien n'est donc encore réglé, mais De Block a dû ravaler son arrogance du début de la mobilisation où elle accusait les Afghans de « se servir de leurs enfants » pour lui faire du chantage.

Partager