Contrôle des banques : Les capitalistes n'en veulent pas24/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2369.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contrôle des banques : Les capitalistes n'en veulent pas

En cette fin décembre 2013, à en croire la presse financière, des progrès décisifs auraient été faits dans le contrôle des banques à l'échelle de l'Europe. La Banque centrale européenne vient de créer le mécanisme de supervision bancaire unique (MSU). Cet organisme sera dirigé par Danièle Nouy, haut fonctionnaire de la Banque de France, choisie pour être une spécialiste du contrôle bancaire. Elle aura pendant cinq ans la tâche d'être la gendarme des 130 plus grandes banques de la zone euro.

Parallèlement, le 18 décembre, la création d'un Fonds de résolution (de la prochaine crise, sans doute) a été annoncée pour 2015. Il servirait à intervenir pour empêcher la faillite des banques, et donc un nouveau krach. Ce fonds, d'un montant de 55 milliards d'euros, serait financé par les plus grandes banques, à hauteur de 1 % de la valeur des dépôts de leurs clients.

Ces deux mesures sont dérisoires. Danièle Nouy, à peine en poste, dit d'ailleurs que, dans le domaine de la surveillance et des sanctions des banques, « tout est à créer ». Sa première tâche consiste à « faire la revue des bilans bancaires, pays par pays... pour s'assurer que toutes les pertes ont été constatées ». En un mot, elle fera la chasse aux bilans tronqués ou falsifiés, du moins ceux que les banques voudront bien lui montrer.

En ce qui concerne le Fonds de résolution, son montant de 55 milliards d'euros est ridiculement faible par rapport aux sommes mises en jeu dans un krach bancaire. Pour les seules banques françaises, en 2008 Sarkozy avait déboursé 178 milliards d'argent public. Évidemment, les banquiers qui doivent financer le fonds rechignent déjà et demandent aux États de mettre la main à la poche, ce qu'ils feront, n'en doutons pas.

Ces mesures, comme toutes celles prises depuis la crise de 2008, sont purement verbales et n'empêchent en rien les banquiers de spéculer, au risque d'un nouveau krach. Les produits dérivés, à l'origine de la crise de 2008, dépassent en 2013 le niveau qu'ils avaient atteint alors, avec le chiffre hallucinant de 693 000 milliards de dollars.

Les spéculateurs, c'est-à-dire l'ensemble des grandes banques représentant la classe capitaliste, vont vers la catastrophe en toute connaissance de cause. Mais, ne voulant rien faire qui limite le profit privé, pas même véritablement contrôler les banques, les États sont incapables de l'éviter.

Partager