La Poste : Grève séparée des centres de tri, mais problèmes communs aux postiers18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Grève séparée des centres de tri, mais problèmes communs aux postiers

Les postiers des centres de tri du courrier étaient en grève jeudi 12 décembre. Dans une unanimité parfaite, les syndicats ont appelé ce seul secteur, bien limité au sein de La Poste, à se mobiliser pour empêcher les fermetures de centres et les suppressions d'emplois.

Onze centres sont en train de fermer, ce qui entraînerait 2 000 emplois en moins, et ces fermetures en cachent d'autres. Le trafic courrier diminue, personne ne peut le nier. Mais les dirigeants n'ont pas attendu cette évolution, patente ces dernières années, pour tailler massivement dans les effectifs. En 2004, il y avait 130 centres de tri comptant 30 000 emplois. En 2011, il n'étaient déjà plus que 48, les effectifs ayant baissé de près de moitié, à 16 000. Aujourd'hui, ils sont 14 000. Dans ce secteur très mécanisable, une proportion importante des effectifs a donc été supprimée. Mais c'est la même chose partout, puisque 90 000 emplois ont disparu dans l'ensemble de La Poste depuis 2003.

Le courrier a baissé, mais les effectifs bien davantage. Le trafic Colis, lui, augmente nettement, suite à l'essor du e-commerce, de même que les activités de La Banque postale, qui se diversifient. Mais là aussi, la direction postale restructure et impose des suppressions d'emplois. Le personnel souffre partout de cette évolution. En province et en banlieue parisienne, il n'est pas rare pour un facteur de finir sa tournée avec deux heures de retard, heures gratuites en général. À La Banque postale, ex-services financiers de La Poste, il ne fait pas bon subir les appels téléphoniques en continu, assumer les retards, les dysfonctionnements et l'exaspération des clients devant la difficulté pour au moins obtenir un interlocuteur. À Coliposte, travailler avec un CDI devient l'exception, et les horaires n'existent plus pour les livreurs, quel que soit leur statut.

Les postiers, malgré leur éparpillement, sont encore près de 260 000, avec les collègues des filiales. Et la conscience d'avoir le même patron et de subir les mêmes attaques existe. Les employés du tri courrier qui ont fait grève jeudi dernier ont eu le bon réflexe. Mais à aucun moment les syndicats n'ont vraiment tenté de développer une politique systématique visant à briser l'isolement, secteur par secteur, centre par centre, dans lequel la direction essaye de maintenir les postiers. Pourtant, c'est cette politique qu'il faudrait mettre en oeuvre afin de donner aux postiers la conscience de leur force, pour qu'ils puissent agir ensemble et se renforcer les uns les autres contre des attaques que tous continuent à subir, à tour de rôle et pour la énième fois.

C'est vital, au moment où le nouveau PDG, Philippe Wahl, annonce à qui veut l'entendre que La Poste, toujours plus dans le rouge, va devoir subir un nouveau plan d'économies.

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