Israël-Palestine : 13 septembre 1993, Les accords d'Oslo – Le peuple palestinien pris au piège18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : 13 septembre 1993, Les accords d'Oslo – Le peuple palestinien pris au piège

Quand, il y a vingt ans, le 13 septembre 1993, le Premier ministre israélien Itzhak Rabin serra publiquement la main de Yasser Arafat, chef de l'Organisation de libération de la Palestine, l'OLP, il pouvait sembler que le conflit israélo-palestinien allait prendre fin. Bill Clinton, présent à la cérémonie, salua l'événement comme « l'aube d'une ère nouvelle ». Selon une légende tenace, les accords d'Oslo auraient constitué un espoir de paix, déçu par la suite. En réalité, ils s'inscrivaient dans la continuité de la politique des dirigeants d'Israël. Dans une situation où ils étaient mis en difficulté par la première Intifada (le « soulèvement », en arabe) des Palestiniens qui durait depuis six ans, ils cherchaient à mettre fin à celle-ci.

Aujourd'hui, vingt ans plus tard, la situation des Palestiniens ne s'est guère améliorée. Elle a au contraire empiré. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, c'est-à-dire dans des territoires saisis par Israël après la guerre de 1967, deux millions et demi de Palestiniens vivent dans des zones séparées les unes des autres par les implantations de quelque 500 000 colons israéliens. Pour circuler d'une enclave à l'autre, ils se heurtent aux check-points de l'armée israélienne. Avant les accords d'Oslo, 80 000 ouvriers palestiniens se rendaient quotidiennement en Israël pour y travailler. Ce ne sont pas des emplois sur place qui ont pris le relais car « personne ne va monter un projet économique en Palestine sans pouvoir librement s'y rendre », note un envoyé du Fonds monétaire international. Il constate un « chômage élevé » comme « conséquence directe des restrictions aux mouvements imposées par Israël ».

L'armée israélienne peut à tout moment couper une ville palestinienne du reste du monde, la priver d'eau. Les colons, avec l'aide de l'armée, peuvent y déverser les ordures de leur habitat, empêcher les agriculteurs de se rendre aux champs, contraindre les écoliers à rester chez eux, rendre inaccessible la route conduisant à l'hôpital. La misère gagne et les liens sociaux se rétrécissent. Voilà quelle est la situation actuelle en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Quant à Gaza, l'enclave a été transformée en une prison à ciel ouvert où peut à tout moment intervenir l'armée israélienne. Et elle ne s'en prive pas.

Pour éteindre l'Intifada

Quand, en 1992, Rabin devenu Premier ministre ouvrit des négociations avec l'OLP, son objectif n'était pas une paix et un règlement durable du conflit israélo-palestinien, mais de sortir Israël du bourbier de la première Intifada.

Depuis décembre 1987, des jeunes Palestiniens osaient s'affronter aux soldats israéliens en leur lançant des pierres. Rabin, qui était alors ministre de la Défense, avait donné comme consigne de « leur briser les os ». Cela n'avait pas suffi à mater la révolte et une certaine démoralisation se fit jour dans les rangs de l'armée. Il n'y eut qu'une minorité infime d'Israéliens, les « refuzniks », à refuser de servir dans les territoires occupés. Mais ces refuzniks eurent un écho dans la population, qui acceptait mal cette interminable opération de police, dirigée souvent contre des enfants.

Dans cette situation, soit les gouvernants israéliens se retiraient des territoires occupés et satisfaisaient les revendications des nationalistes palestiniens, soit ils trouvaient un accord a minima avec ces derniers : ce furent les accords d'Oslo. Dans une première période de test, les accords prévoyaient une Autorité autonome palestinienne, dirigée par l'OLP, concernant seulement Gaza et la ville de Jéricho. Il était ensuite envisagé que l'armée israélienne puisse se retirer d'une partie de la Cisjordanie, en se réservant toutefois des zones où s'installeraient des colons israéliens. Ces tout petits reculs avaient une contrepartie : que l'OLP fasse ses preuves et seconde l'armée israélienne pour arrêter la révolte et contrôler la population palestinienne.

Une oppression renforcée

Un nouvel accord, conclu en 1995, précisa que la Cisjordanie serait divisée en trois zones : 3 % du territoire administrés par l'Autorité palestinienne, 27 % conjointement avec Israël et 70 % sous le contrôle direct de l'État d'Israël. Il en résulte qu'aujourd'hui l'Autorité palestinienne n'a que des pouvoirs limités, qu'elle n'exerce que sur de petits territoires, dans un vaste ensemble contrôlé par l'armée israélienne. La carte actuelle de la Cisjordanie est souvent comparée à une peau de léopard, car à ce tronçonnage s'ajoute l'implantation de nouvelles zones d'occupation de colons israéliens qui n'en finit pas de morceler la Cisjordanie.

Les arrangements concoctés à Oslo et plus tard, qu'on aurait du mal à qualifier de concessions tant ils étaient mineurs pour les Israéliens, furent combattus âprement par l'extrême droite israélienne, qui désignait Rabin comme un traître à la cause sioniste. Il fut assassiné par un jeune colon en 1995. Les gouvernements qui lui succédèrent, qu'ils soient de gauche ou de droite, cédèrent aux pressions de cette extrême droite.

La jeunesse palestinienne se révolta à nouveau quand le général d'extrême droite Sharon se livra à une grossière provocation en se rendant le 28 septembre 2000 sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, proclamant ainsi la mainmise israélienne sur ce qui est considéré comme un lieu saint par les musulmans. Les affrontements, réprimés de façon particulièrement sanglante, déclenchèrent la deuxième Intifada. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui n'avait pas accepté les accords d'Oslo, bénéficia alors du discrédit de l'Autorité palestinienne corrompue.

Quoi qu'il fût dit, les accords d'Oslo ne modifièrent jamais la politique de l'État d'Israël à l'égard des Palestiniens ; une politique faite d'expropriations continuelles et d'oppression permanente.

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