États-Unis, automobile : Une reprise qui ne profite qu'aux patrons et aux banquiers18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis, automobile : Une reprise qui ne profite qu'aux patrons et aux banquiers

Aux États-Unis, les ventes de voitures et utilitaires légers sont en passe de battre à nouveau des records. Alors qu'elles étaient de 10,4 millions de véhicules en 2009, au plus fort de la crise, elles atteignent désormais près de 16 millions de véhicules, pas bien loin du record de 2005 de 17,5 millions de véhicules, qui avaient été produits avec 280 000 travailleurs de plus.

Entre-temps, General Motors et Chrysler se sont déclarés en faillite, et les trois grands constructeurs automobiles de Detroit ont fermé 27 usines à la suite de la crise financière de 2008. C'est en faisant tourner au maximum de leurs capacités les usines restantes et en surexploitant les ouvriers que le patronat réussit à produire plus de voitures avec moins de bras. Une bonne partie des usines tournent jour et nuit et pour certaines sept jours sur sept. Ford a ajouté une quatrième équipe dans certaines usines, pour les faire tourner 152 heures sur les 168 que compte la semaine, et nombre de ses usines n'ont été arrêtées l'été qu'une semaine au lieu de deux. Les patrons ont rogné sur les congés, sur les pauses, sur les temps morts. Les cadences ont été augmentées et les horaires rallongés, avec des heures supplémentaires à profusion. Quant aux salaires, ils ont été pratiquement divisés par deux pour les nouveaux embauchés. Dans le Michigan, où est située la ville de Detroit et qui est au cœur de l'industrie automobile américaine, la production de véhicules a augmenté de 22 % en cinq ans, alors que le nombre de travailleurs était réduit de 9 % ! L'augmentation de la production ne s'est pas accompagnée d'une reprise des embauches, bien au contraire.

Cette dégradation des conditions de travail et des salaires s'est faite avec la complicité active des dirigeants du syndicat des travailleurs de l'automobile, l'UAW, qui se veut avant tout un partenaire des patrons. Les dirigeants de GM ou de Ford déclarent à la presse qu'ils n'ont nullement l'intention de construire de nouvelles usines à court ou moyen terme, car ils estiment avoir encore de la marge pour faire produire plus aux mêmes travailleurs dans les mêmes usines !

Dans ces conditions, les constructeurs automobiles de Detroit ont réalisé l'an dernier d'énormes profits, qui n'ont été dépassés qu'une seule fois dans toute l'histoire de l'industrie automobile.

Les banques font elles aussi de gros profits, car c'est grâce à leurs prêts que les ventes s'envolent. Elles consentent des prêts plus importants sur de plus longues périodes, sur près de six ans en moyenne, et parfois sur neuf ou dix ans ! Le quart de ces prêts s'apparente aux subprimes de l'immobilier, avec des taux d'intérêts prohibitifs. Les banques et autres institutions financières font des profits en poussant à l'endettement des gens qui risquent de tout perdre, préparant ainsi le terrain à une possible crise financière, qui partirait cette fois non plus des crédits immobiliers mais des crédits automobiles.

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